dimanche, novembre 13, 2005

Morosité municipale


On a entendu beaucoup de commentaires sur la participation électorale, à la suite des élections municipales du 6 novembre. Comme prévu, on ne peut dire que ça s’est bousculé devant les urnes. En fait, on s’est surtout précipité sur les micros pour dire combien le faible pourcentage de la participation a amené la preuve du désintérêt des Québécois envers la politique municipale, voire la politique tout court. On a pointé du doigt plusieurs facteurs, comme le mauvais temps ou l’impatience des gens à attendre en file (tiens, y’avais du monde, finalement…), comme l’absence d’enjeux cruciaux ou encore de programme électoral digne de ce nom. Je ne veux pas citer davantage, la liste est très longue.

Nonobstant ces raisons, possiblement toutes valables, il serait important d’en reprendre deux, à mon avis les plus importantes. Une de ces raison est la façon dont les médias ont couvert les campagnes électorales. À Montréal, on a eu l’impression qu’il n’y avait que deux candidats, alors qu’il y en avait quatre, dont trois avec des partis structurés. À Québec, il s’est passé la même chose. On a rapporté des informations sur les candidats Richard Bergeron (Montréal) et Claude Larose (Québec) que vers la dernière semaine de la campagne. Quand on observe les résultats à Québec, c’est assez troublant : les médias se sont concentré à suivre la candidature d’Andrée Boucher, première dans les sondages, mais aussi celle de Marc Bellemare, qui a fini troisième, avec un seul conseiller élu. On n’a pas trop évoqué la présence du successeur de Jean-Paul L’Allier à la tête de son parti, Claude Larose, pourtant devenu chef de l’opposition à l’Hôtel de ville de Québec. Idem à Montréal pour Richard Bergeron, dont le programme de son parti, Projet Montréal, avait un contenu des plus intéressant, mais on s’est contenté de rapporter platement les piques entre Gérald Tremblay et Pierre Bourque. On a eu droit à une couverture ennuyeuse, entre deux candidats aux programmes jumeaux, pour ne pas dire un duel de personnalités insignifiant. De cette façon, on n’a pas poussé davantage les électeurs à s’intéresser à ces campagnes. Peut-être avons nous eu droit à de véritables débats, à des enjeux cruciaux âprement défendus dans les autres municipalités? On dirait bien que non, hormis à Lévis, où le maire Jean Garon a été battu par une ancienne conseillère de son propre parti.

Pourtant, des décisions cruciales sont prises par les élus municipaux, mais rien n’est fait pour qu’on encourage une participation citoyenne aux débats. Devant les caméras, le même Jean Garon a affirmé bien candidement que l’opposition à l’Hôtel de ville était inutile, que les élus municipaux devaient être avant tout des gestionnaires... La mairesse de Québec, dont les années à la tête de l’ancienne municipalité de Sainte-Foy on été empreintes d’une autocratie abêtissante, a affirmé sans rire que le budget municipal devait être administrée comme celui d’une famille. On n’est pas prêt de revoir des projets d’envergure à Québec, pour ne pas dire de l’absence de fête anticipée pour le 400e anniversaire de la ville en 2008. Quand on constate également l’élection pour la cinquième reprise du maire Vaillancourt, autre personnalité proche de celle d’Andrée Boucher, Laval passera les prochaines années encore pour une ville moche au développement urbain des plus erratique. En somme, le personnel politique constituant les élus municipaux est de moins en moins visionnaire, assure un leadership des plus paternaliste et à courte vue. Gérald Tremblay, populaire de par sa prestance pour sauver des événements prestigieux à Montréal, s’est assuré pour sa presque seule personne la gestion du budget de la ville. Avec une pareille concentration de pouvoir, on n’est pas étonné de voir grandir un désintérêt pour la politique municipale.

Pour qui j’ai voté? Pour l'équipe de Projet Montréal. Voilà le genre de parti politique qui inspire davantage que les politiques municipales à la petite semaine que propose Vision Montréal, trop longtemps à la tête de cette ville. Espérons qu’à la prochaine, ce parti politique puisse se faire connaître, maintenant que « l’alternative » à l’UCIM et à Gérald Tremblay s’est fait lessiver. Sauf dans mon quartier, malheureusement…