jeudi, juillet 31, 2008

L’OMC dans l’impasse? Tant mieux!

On a assisté de nos salons à un bien triste spectacle, soit celui de la fin des négociations sur la libéralisation totale du commerce international, dans le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce. En fait, il a été plutôt réjouissant d’apprendre la fin lamentable de ces pourparlers, surtout quand les représentants des pays émergents comme l’Inde ou le Brésil n’ont pas été dupes de la mauvaise foi évidente des négociateurs occidentaux. Il fallait voir le ministre du commerce Michael Fortier, quand il est sorti de la grande salle de réunion, en prenant un air affecté, soucieux de la malchance guettant les pays pauvres et de l’ingratitude des pays riches.

La déclaration la plus étonnante (et aussi la plus hypocrite) est venue des Occidentaux, lorsqu’ils ont affirmées que ce sont les pays pauvres qui vont écoper de cette impasse. Au contraire, ces négociations ont eu pour but de faire tomber les barrières tarifaires des pays les plus pauvres, dans un contexte où il est évident que le rapport de force ne les avantageait pas. Les négociateurs américains et européens ont tenté d’ouvrir le marché alimentaire de ces pays, sans pour autant s’engager à s’ajuster devant un tel déséquilibre. L’ajustement en question est la fin des subventions accordées aux agriculteurs des pays riches, de façon à garder leur production à prix compétitif, devant les productions étrangères. Comme il semblerait qu’aucun gouvernement ne tient à laisser tomber cette pratique, pour des raisons aussi plates que le soutien électoral dans certaines régions, les producteurs agricoles pourront souffler en attendant une éventuelle reprise de ces négociations.

André Presse de la Pratte, toujours aussi rapide pour évoquer le saint dogme de la libéralisation, a qualifié de « mesure dépassée et archaïque », cette pratique des subventions, sans pourtant se justifier sur le besoin de cette politique. Il a pourtant omis d’évoquer le fond du problème, plus gênant à traiter, de la part d’un ardent défenseur du marché. Le problème ne vient pas de la frilosité des représentants des pays pauvres, ni de celle des producteurs agricoles du Nord. En fait, c’est que la libéralisation des marchés se heurte à un obstacle de taille, quand les États-Unis et les pays européens pratiquent un libre-échange à sens unique. Tant que ce sont les pays plus pauvres qui abaissent leurs barrières tarifaires, les partisans du libre-échange exultent, mais ils ne sont pas très empressés de commenter les tarifications spéciales et les embargos des riches. On a eu de nombreux exemples, avec cette fumisterie qu’est l’ALENA. Combien de fois des clauses spéciales et des règles se sont appliquées sur les produits d’importation canadiens, pour satisfaire tel ou tel lobby à Washington? Libre-échangistes, les riches? Bien sûr, mais seulement quand ça fait leur affaire…

Si les subventions agricoles devaient être abolies au Canada et au Québec, selon le désir de M. Presse de la Pratte, nous pourrions voir disparaître bon nombre d’entreprises familiales et de petites productions, avalées par les grandes entreprises agricoles ou encore s’effacer devant la loi impitoyable du marché. Sans doute nous verrions s’effondrer le secteur des produits artisanaux, tels que les producteurs locaux de fromage, de sirop d’érable, de viande d’élevage alternatif et autres produits du terroir. Dans un contexte de libre-marché, les coûts de production auraient rapidement le dessus sur la demande des consommateurs. Les subventions permettent la survie de ces productions locales, dont nous profitons en tant que consommateurs. Je ne vois pas trop en quoi elles sont dépassées, à moins que M. Presse de la Pratte préfère voir les régions se soumettre à quelques industries spécialisées, comme la production porcine, au risque de connaître les mêmes soubresauts des cinq dernières années. Peut être qu’il a la mémoire courte, l’éditorialiste : c’est justement le manque de diversité des industries régionales qui sont à la base de la fragilité économique de ces mêmes régions.

En terminant ce texte, je me suis souvenu avec nostalgie des précédentes rencontres, presque toujours accompagnées de grandes manifestations altermondialiste. Cette fois-ci, on n’en a pas entendu parler du tout. Peut être qu’il ne s’est rien passé, ou encore les manifs n’étaient que symboliques, ou encore on eu droit à un black-out médiatique… et puis peut être que la lutte contre la mondialisation néolibérale a été remportée, quand nous voyons tout ce beau monde cravaté se déchirer entre politiciens pragmatiques et gardiens du dogme du marché. Dans ce contexte, aussi bien laisser les projecteurs sur leurs disputes sémantiques, plutôt que se faire passer pour des émeutiers…


lundi, juillet 28, 2008

The Beautiful People.

Sur Antichrist Superstar, paru en 1996, Marilyn Manson a inclus une chanson intitulée « The Beautiful People » :



Les paroles :
And I don't want you and I don't need you
Don't bother to resist, or I'll beat you
It's not your fault that you're always wrong
The weak ones are there to justify the strong

The beautiful people, the beautiful people
It's all relative to the size of your steeple
You can't see the forest for the trees
You can't smell your own shit on your knees

There's no time to discriminate,
Hate every motherfucker
That's in your way

Hey you, what do you see?
Something beautiful, something free?
Hey you, why you trying to be mean?
You live with apes man, it's hard to be clean

The worms will live in every host
It's hard to pick which one they eat most

The horrible people, the horrible people
It's as anatomic as the size of your steeple
Capitalism has made it this way,
Old-fashioned fascism will take it away

Hey you, what do you see?
Something beautiful, something free?
Hey you, why you trying to be mean?
You live with apes man, it's hard to be clean

There's no time to discriminate,
Hate every motherfucker
That's in your way

Hate! [x8]

Je ne pouvais imaginer qu’un jour, on prendrait Marilyn Manson au mot et qu’on justifierait ce qu’il a appelé le « fascisme de la beauté ». Dans le journal La Presse de vendredi, un article a traité de l’implantation récente des services du site beautifulpeople.net pour le Canada et le Québec. J’ai retrouvé le communiqué annonçant l’arrivé de ce service, destiné aux célibataires des deux sexes, dont le critère essentiel est celui de la beauté physique, selon les barèmes très précis des membres. Comme vous pourrez le constater, ce service est élitiste et a des sous-relents d’eugénisme. On suggère ainsi qu’une catégorie de gens doivent frayer entre eux et conserver ainsi cette beauté à l’intérieur du groupe.

En effet, comme le souligne explicitement les fondateurs, les gens de belle apparence ne doivent plus perdre leur temps avec des gens plutôt ordinaire. Ça m’a rappelé une autre chanson, « La Führer », où Mononc’ Serge dénonce la pratique de sélection du public, utilisé par les producteur de « La Fureur », l’émission animée pendant plusieurs années par Véronique Cloutier :

Dès sept heures
Les banlieusards de Brossard
De Candiac
Débarquent tout heureux
Au studio 42
Une hôtesse
Serait-ce Elsa la louve des SS?
Effectue le tri de la foule
Et envoie au balcon les tamouls
Les lépreux
Les grosses torches les plus moches
Tandis que plus bas
Dans le champ des caméras
Les gens
Montrables à l'écran
Se partagent le parterre
D'un côté, les belles aryennes
De l'autre, les bons aryens


Le plus cocasse de ce genre de site, c’est l’assurance des créateurs sur la superficialité de leur clientèle visée. La beauté physique est l’absolue, tant pis si les gens ne rencontrent pas vraiment l’âme sœur, au moins ils sont « entre eux », telle une aristocratie exclusive, loin de la plèbe roturière. Comme le soulignait l’auteur de l’article, pourquoi créer un site de rencontre, quand c’est surtout les gens de moins belle apparence qui ont des difficultés de rencontrer l’âme-sœur? En fait, c’est une forme extrême d’arrogance affirmée où des « beautiful people », non content d’avoir été gâté par la nature et dont souvent la réussite sociale en a été le résultat, tiennent absolument à le crier sur les toits. Déjà qu’il existe toute forme de discrimination sur l’apparence, celle-ci en rajoute et ne semble souffrir d’aucun complexe.

Ça doit être ça, finalement, le fascisme de la beauté…

mercredi, juillet 23, 2008

Bien fait pour sa gueule!

Il y a de ces drames individuels qui se produisent et dont on peut se réjouir. Je pense surtout à l’arrestation de Radovan Karadzic, l’ancien leader des Serbes ultranationalistes de Bosnie, dont le mouvement a déclenché une guerre civile, suite à l’éclatement de la Yougoslavie. L’ex-psychiatre et également ex-figure de proue politique du mouvement nationaliste serbe de Bosnie se cachait depuis une douzaine d’année en Serbie, sous un faux nom et une nouvelle apparence. S’il faut en croire les médias, le gouvernement serbe savait très bien sous quelle identité Karadzic se dissimulait à Belgrade et ce sont les intérêts économiques du pays qui l’ont amené à vouloir le livrer au Tribunal pénal international (TPI). En effet, la Serbie tente de joindre l’Union européenne et depuis l’élection d’un gouvernement favorable à son adhésion, il ne fallait pas compter trop longtemps avant que Karadzic soit enfin livré à la justice. Quand même, il est dommage que ce soient l’ambition économique qui a décidé les autorités serbe à se saisir de Karadzic, pour qu’il soit transféré devant le TPI. J’aurais préféré savoir qu’à Belgrade, on mesure enfin l’ampleur des crimes commis par Karadzic et les autres leaders serbes de Bosnie (dont le chef militaire Ratko Mladic) pour que justice soit faite. Mais quand même, c’est une bonne nouvelle de savoir qu’un criminel de guerre et contre l’humanité puisse enfin subir un procès pour ses crimes.



Et dans ce cas-ci

« Revenu Québec c'est des malades mentaux. Tu leur dois 8 $, et ils vont kidnapper tes enfants. C'est eux autres qui ont kidnappé la petite Cédrika»

L’histoire de Mike Ward et son gag de mauvais goût utilisant la disparition de Cédrika Provencher a fait des vagues, ces derniers jours. L’humoriste, dont le type d’humour ne m’est pas tellement familier, se spécialise dans « l’extrême ». Pour lui, il n’y a aucune limite. En retour, le voilà dans une position très inconfortable, où il est la cible de menace de mort et de harcèlement. D’une certaine manière, sans vouloir encourager en quoi que ce soit les dérapages de certains individus envers la personne de Ward, je me suis dit qu’il venait enfin de faire face à sa responsabilité en tant qu’auteur. Je ne suis pas un zélote de la rectitude politique, mais je suis encore moins favorable à cette recherche de l’absolue limite dans l’iconoclastie. Pour avoir été des opposants à Jeff Fillion et consort à Québec, je crois toujours à l’éthique en toute chose. Utiliser ainsi un cas aussi triste que la disparition d’une fillette pour un gag n’est absolument pas justifiable, peu importe la défense et les justifications de Ward et ses semblables. D’ailleurs, vous pouvez entendre celles-ci sur son vidéo du 21 juillet.
http://www.mikeward.ca/

Il sacre beaucoup, Mike. Je pense qu’il manque un peu de vocabulaire. Et d’autres choses, je ne sais trop quoi exactement…

Une dernière fois, sur Sir Paul…

Ma mère m’a écrit ce matin, pour me dire qu’elle et mon père ont vu le show de l’ex-Beatles sur les écrans géants et qu’ils ont bien aimé. Elle me demandait pourquoi je n’ai pas écrit sur le succès du spectacle. Hé bien, je dois dire que la plupart des médias l’ont fait, je n’ai pas eu grand’ chose à ajouter. Je n’y serais sûrement pas allé, si j’avais eu à être présent à Québec. Ça ne me plaît vraiment pas, c’te musique là. Ma mère a ironisé sur le fait que dans le gros village de Québec, on ne fait pas comme à la grande ville, les gens ne cassent pas tout, quand il y a une fête… et vlan dans mes dents!

dimanche, juillet 20, 2008

En attendant le show de Sir Paul...

Suite à mon précédent article sur la venue de Paul McCartney, j’ai reçu les paroles modifiées par un de mes amis de sa chanson Yesterday. Éric, comme vous le constaterez, ne manque pas d’humour… vous trouverez l’originale des paroles sur ce blog :
http://www.phonono.com/papyrus/001161.html

Yesterday,
The Beatles brayed almost everyday
And they didn’t have much to say
Oh I thought that was yesterday

Suddenly
I realize the anomaly
That the old sod is playing in Quebec City
Oh why not shoot the damned limey

Why he
Had to be on that show, I couldn’t say
I think
Something’s wrong, now I long for some doomsday

Yesterday,
I thought the Beatles ghost had faded away
Now I need a place to hide away
And go listen to “Sister Ray”

Why he
Had to be on the show, I won’t dare say
I think
Boomers took too much drugs anyway

Yesterday,
I thought the Beatles ghost had faded away
Now I need a place to hide away
And go listen to “Sister Ray”


La photo de Sir Paul est celle de l'album Ram, son premier album solo, si je ne me trompe pas. L'album a été très mal reçu par la critique, à l'époque. Celle de John Lennon avec un cochon se voulait être un clin d'oeil méchant de la part de l'ex-Beatles, envers son ex-comparse...

jeudi, juillet 17, 2008

Tout ça pour Sir Paul...

J’en ai lu et entendu des belles, sur le 400e anniversaire de la ville de Québec, mais celles concernant la venue de Paul McCartney ont été les plus diversifiées. Ben oui, l’ex-Beatles doit faire un show d’envergure, sur les plaines d’Abraham. La controverse n’a pas tardé : Sir Paul est un britannique, les deux autres groupes chantent en anglais, la belle affaire, pour l’anniversaire de la première ville de langue française en Amérique. Les uns voient encore là une autre façon d’escamoter le côté historique de la fête, au profit de la « canadianisation » du 400e, les autres s’emportent contre les critiques, en devenant les plus ardents défenseurs de McCartney, devenu en un rien de temps le grand compositeur de son temps (je pensais que c’était Frank Zappa!) et pointent encore une fois les méchants Montréalais, ces affreux jaloux. Il est loin, le temps où je croyais au manque d’intérêt manifesté par les gens de Québec, tant on percevait un autre « Québec 1534-1984 », un échec financier dont ils voulaient bien se passer. Maintenant, on dirait qu’il ne fait plus critiquer ces célébrations, au risque de se faire lyncher.

Personnellement, je suis porté à avoir la même perception critique envers la présence de Paul McCartney. Quand je l’ai appris, j’ai trouvé ça peu imaginatif, de la part des organisateurs, voire même précipité. Le type semble être en forme, il a une très longue carrière, c’est désormais un immortel, c’est son genre de jouer sur scène, lors des gros événements… et après?

J’ai vu la prestation de McCartney, lors du Super Bowl, il y a deux ou trois ans de cela. C’était plate, très plate. Je ne me souviens plus si c’étais avant que Sir Paul manque de se faire laver dans son divorce et perde la moitié de sa fortune. Ma réflexion d’alors a été « Hé ben, j’pense qu’il est en train de s’en mettre de côté, au cas où… ». N’étais-ce pas lui, quelques temps auparavant et toujours marié avec sa dame, qui est venu faire le militant écolo sur la banquise, en plein dans sa lubie très « Bardot » de vouloir sauver les bébés phoques? Sa femme avait manqué de se faire mordre par un blanchon, ce dernier était stressé par les époux McCartney et leur suite. Sir Paul avait ensuite tenté de diaboliser les chasseurs de phoques, en ramenant des images de massacre vieilles de vingt cinq ans à CNN. Il avait eu un échange assez viril avec le Premier ministre terre-neuvien, Danny Williams, lequel n’a pas trop apprécié qu’il a dû jeter ses disques des Beatles au feu, tant l’artiste l’avait piqué au vif. D’ailleurs, on devrait entendre l’avis de M. Williams, sur la nouvelle venue de l’ex-Beatles…

Plusieurs ont rappelé que Sir Paul avait déjà composé une chanson en français, Michelle, ma belle, à mon avis pas très fameuse. Mais on ne semble pas savoir qu’il a composé quelque chose de très mauvais, dans la même langue : Où est le soleil? Voici d’ailleurs le vidéo, jugez-en par vous-même. Sir Paul a fait de grandes chansons, on peut bien lui pardonner…





On devrait lui demander de chanter cette chanson, lorsqu’il viendra sur les Plaines…

mardi, juillet 15, 2008

L'ignorance volontaire.

Dans la période où les événements d’envergures se succèdent, le Festival de Jazz, le Festival d’Été, les Nuits d’Afrique, les Francofolies et bien d’autres, sans oublier le 400e anniversaire de Québec, quoi de mieux approprié que de parler d’économie. L’Institut Fraser, le grand frère canadien de l’Institut économique de Montréal (IEDM), a mandaté un « analyste » pour nous répéter encore une fois le saint credo libertarien. Ce texte paru dans la Presse de jeudi dernier est un bel exemple de la rhétorique que nous assènent à tout coup les instituts néolibéraux d’experts autoproclamés. Cette fois-ci, l’auteur n’a pas été bien loin pour étaler ses arguments, en faveur de la fin des subventions aux festivals déjà établis comme le FIJM, le Festival Juste pour Rire et les Francofolies. Travaillant au sein de l’Équipe Spectra, je vois bien que le monsieur Minardi n’a que faire de la réalité d’une organisation d’envergure. Pour lui, tout se juge à l’ornière de l’économisme, Quitte à passer pour un crétin et être obligé de se défendre piteusement par la sempiternelle excuse « ben j’voulais susciter un débat… ».

On s’est habitué à ce genre de festival très rassembleurs, mélangeant spectacles gratuits à l’extérieur et payant à l’intérieur. Pour Minardi, ce type d’activité pourrait suivre son cours en se passant de tout financement public, au nom de la saine gestion de l’argent reçu des contribuables. L’idée qu’avance l’expert est une façon détournée une certaine privatisation des événements, de façon à ce qu’ils soient compatibles avec la vue froide de l’économiste qu’il est, incapable de voir les choses autrement. L’argument est toujours le même, selon lequel on n’a qu’à faire confiance au marché, les produits culturels québécois se tireront très bien d’affaire. Les canards boiteux, tant qu’à eux, n’auront plus qu’à crever la bouche ouverte, après cinq années de subvention. La confiance, voilà le leurre de notre soi-disant expert et de ses semblables, afin de nous faire croire à leur intérêt porté envers les entreprises d’ici. S’il y a bien une absence commune aux néolibéraux, c’est bien l’attachement « irrationnel » à la production locale : le marché avant tout! Cette croyance aux mécanismes du marché les amène à écrire n’importe quoi, par l’ignorance volontaire de ce qui est en dehors du domaine économique. Pour Minardi et ses semblables, l’économie explique tout, alors il est peu courant de les voir s’intéresser aux autres points de vue. On a qu’à lire de dénigrement systématique qu’ils font des sciences humaines, dans leurs publications, pour se convaincre de leur attachement quasi-religieux à leur dogme.

L’argumentaire néolibéral tient rarement compte de l’histoire ou encore de l’aspect contextuel, sauf quand ça arrange les choses. L’économie, en tant que science « exacte » pour les néolibéraux, n’a rien à faire avec les faits. Dans le cas de l’analyse de notre expert frasérien (excusez le néologisme, ça me tentait de l’amener, celui-là), il n’a jamais fait mention du contexte de la naissance de ces festivals. Il n’a pas non plus tenu compte des possibilités de financement par le secteur privé, qui est vraisemblablement au maximum de ce qu’il peut contribuer. Rappelons-nous de la crise occasionnée par le retrait des entreprises du tabac de la Formule 1, à Montréal. L’événement a failli ne pas s’en remettre. La légèreté avec laquelle Minardi analyse la question des principaux festivals démontre son ignorance des coûts de production et de logistique. Un événement comme le Festival international de Jazz de Montréal, s’il devait se passer la part de financement gouvernemental, devrait réduire largement sa programmation extérieure, de même que le nombre de spectacles. Il aura beau être très bien établi, ce n’est pas demain la veille que mes patrons feront la même confiance au marché pour se lancer ainsi dans le vide. Le financement gouvernemental est essentiel au maintien du FIJM comme les autres, dans leur forme actuel.

Un des aspects que Minardi et ses pairs des instituts économiques dont il est rarement question est le retour sur l’investissement, de la part de l’État. Les différents paliers de gouvernement auraient déjà signifié leur refus de subventionner les grands festivals, avec les explications de notre pseudo-analyste. On retrouve bien dans ces officines des administrateurs ayant un cursus similaire à d’autres administrateurs dans le secteur privé, pourtant ils sont ouvert à subvenir aux différents événements culturels. L’investissement public rapporte plus que la mise initiale, comme le développement de la scène culturelle locale, ou encore la diffusion d’artiste d’ici. Les retombées d’un festival d’envergure se calculent en millions de dollars de profits indirects, pour de nombreuses entreprises, petites et grandes, proches ou éloignées. L’investissement de l’argent public pour le faire fructifier dans l’économie ne devrait pas être vu comme une dépense injustifiée, mais bien à un stimulant. C’est un rôle dont l’État ne devrait plus justifier, même s’il n’apparaît pas toujours à l’avantage des contribuables. Pour nos experts néolibéraux, gardiens du dogme du libre-marché, c’est une hérésie qu’ils s’efforcent de combattre sur toutes les tribunes, même s’ils doivent ensuite se replier sous le tollé et le « débat qu’ils souhaitaient susciter »…

Il est dommage que sous les pompeuses qualifications « analyste », « économiste » ou « chercheur » des instituts économiques néolibéraux, on retrouve en fait des talibans du libre-marché, dont les connaissances restreintes à leur religion ne devraient pas leur permettre l’importance démesurée que les médias leur accorde, comparativement à d’autres intervenants. Il s’agit de voir la publicité entourant les recherches biaisées et les « palmarès » de l’IEDM et de l’Institut Fraser pour s’en rendre compte. Les déclarations de ce Minardi en sont un autre exemple, parmi tant d’autres.


mardi, juillet 08, 2008

Demain, j’ai 38 ans…

…et oui, c’est des choses qui arrivent, prendre une année supplémentaire. Mon corps change un peu, j’ai moins de poils sur le caillou, j’en ai un peu plus dans les oreilles, ça me prend deux jour à me remettre d’une cuite, je ne vais plus faire de stage-dive aux spectacles où je vais, ni me lancer dans le « mosh-pit », je ne suis plus surpris de me faire appeler « monsieur » par les commis, même avec mon look de freak, je suis rendu à raconter des spectacles métal ou punk qui ont eu lieu il y a vingt ans, pour moi les Bourassa, Mulroney, Chrétien, Bouchard, c’était hier…

Ben merde. 38 ans.

Bah!

Il y a Carcass qui revient à Montréal en septembre, alors… je m’en fout bien, d’avoir 38 ans!


dimanche, juillet 06, 2008

Un an plus tard…

Jeudi 5 juillet 2007, 16h50. Au moment de terminer ma journée de travail, j’apprenais de la directrice des ressources humaine mon renvoi définitif. La direction de Renaud-Bray, échaudée par mes critiques sur ce blogue, s’est débarrassé de moi sans avertissement. Ça faisait des années que je jouais les troublions, notamment lors des deux négociations de 2003 et 2005, en tant que membre de l’exécutif du syndicat. J’avais également contribué indirectement à démontrer l’incompétence de la directrice de la succursale où j’ai été libraire pendant cinq ans et demi, sur la rue Sainte-Catherine ouest. L’appréciation de mon travail et de mon amour des livres n'a pas compté, aux yeux des patrons de l’entreprise, lorsqu'ils ont choisi de me jeter dehors.

Un an plus tard… je travaille avec un meilleur salaire, dans une ambiance agréable, à des conditions que je ne pouvais imaginer auparavant. Certes, je n’ai jamais eu autant de travail à faire, les journées passent très vite mais en retour, les nombreux avantages que je retire sont très importants. Spectacles gratuits, contacts avec le milieu artistique, avantages sociaux considérables, reconnaissance de mon travail et de mon importance pour l'entreprise, etc. Je peux écouter la musique que j’aime, j’ai accès à un ordinateur, je connais la très grande majorité des employés et je vois une de mes grandes amies à tous les jours. Que puis-je demander de plus?

Il m’arrive parfois d’avoir une certaine nostalgie de mon ancien poste. J’ai eu accès aux nouveautés littéraires, j’ai eu droit à un nombre considérable de livres gratuitement, j’ai également travaillé avec des gens extraordinaires et milité dans un syndicat combatif, à qui je dois énormément. La page est tournée, l’arrangement que j’ai obtenu a satisfait les deux parties et je ne crois pas revenir comme libraire quelque part.

Ce que j’ai retiré de cette expérience est l’importance de faire valoir ses droits et de ne jamais laisser tomber. L’an dernier, je ne me suis pas laissé abattre, malgré le choc d’un renvoi après plus de neuf années au service de cette entreprise. Je me rappelle de m’être employé à me trouver un nouveau travail et de revoir ce que je pouvais faire, à défaut de n’avoir pas terminé ma maîtrise et de ne pas avoir de spécialisation, outre mes années d’expérience au service à la clientèle. C’est d’ailleurs cela qui m’a permis d’obtenir mon emploi actuel et le précédent.

Il fait si beau et chaud, je vais célébrer cela avec mes amis, au Piknik Électronique d’abord, puis avec mes vieux chums Raymond et Claude, ce dernier a eu 36 ans l’autre jour. On ne peut manquer des occasions pareilles…


vendredi, juillet 04, 2008

Une question purement idéologique.

J’ai avalé mon café de travers ce matin, quand j’ai lu sur le site du Devoir ce titre : Nouvelle salle de l'OSM: le budget du PPP explose. Pourquoi donc ce matin, il y a bien eu d’autres projets similaires de ce type, en partenariat public-privé (PPP), dont les coûts ont grimpés durant les travaux? En fait, c’est justement cette constante : les coûts augmentent systématiquement, lorsqu’il s’agit d’un projet de construction en PPP! Ça devient une habitude plutôt chère à assumer…

Dès 2004, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, une dogmatique de l’économisme néolibéral, vantait les possibilités d’économie et l’efficacité accrue de ce type de projets. L’État, selon elle, n’avait pas à s’impliquer autant dans l’élaboration et la construction de ses infrastructures, l’implication du secteur privé allait permettre de réduire les coûts et hausser l’efficacité des travaux et de l’entretien de ces infrastructures. On a donc fondé en grande pompe l’Agence des partenariats publics-privés, cette machine de guerre contre les dépassements de coût et l’inefficacité. Cette agence produit depuis ce jour les contrats spécifiques aux projets dont le cabinet de la ministre ont désignés comme étant digne d’un PPP.

Derrière ces bonnes intentions, madame Jérôme-Forget a dissimulé son leitmotiv idéologique. Pour elle, le secteur privé est toujours plus efficace que le secteur public dans la gestion d’une structure, de par son souci de fructifier son profit. Une entreprise privée met donc tout en œuvre, par logique, afin d’obtenir le maximum de son investissement. Ce préjugé tenace, c’est un des piliers de la pensée néolibérale, dont la ministre s’est fait depuis longtemps l’apôtre. On peut acquiescer comme allant de soi, si on s’en tien à la théorie. Dans la pratique, c’est une toute autre histoire.

Il faut savoir que les PPP sont des projets à très long terme. Les contrats sont de durée allant même jusqu’à cent ans, sont souvent très volumineux et contiennent une foule de détails dont nous avons rarement une idée de ce qu’ils sont. Ces contrats de PPP, bien qu’ils soient liés avec l’État, sont peu disponibles pour une lecture publique et sont constitués dans un vocabulaire très technique, donc très peu accessible. Par exemple, le contrat du PPP pour l’entretien du métro de Londres (R-U) est constitué de milliers de pages. Un contrat aussi important et complexe, peu connu dans le détail par le public, a permis une séries de désaccords qui se sont retrouvés devant les tribunaux, engendrant ainsi des coûts additionnels. Dans ce contexte, la population londonienne est en droit de savoir les raisons pour laquelle l’entreprise Metronet conteste autant de clauses mal interprétées selon elle. Elle est plutôt laissée dans l’ignorance, au nom du principe de l’inviolabilité du secret commercial. Cette même entreprise, un consortium créé pour l’occasion et pourtant la meilleure soumissionnaire, semble incapable de remplir ses obligation et doit constamment s’appuyer sur l’État pour lui garantir une certaine viabilité. Le pari idéologique des idéologues néolibéraux, à la base du projet, en prend ainsi pour son rhume.

Apprendre ce matin que la fameuse salle de l’OSM ne va pas coûter 105 millions de dollars comme prévu par le Premier ministre Charest, mais bien 266 millions, il y a de quoi s’étouffer. Dans mon cas, je devrais peut être me réjouir, c’est une preuve indéniable de l’inanité des espoirs envers ces PPP. Comment peut-on se cramponner à un certain montant de dépense prévu, puis avouer candidement que ça va coûter plus du double, pour permettre à un orchestre symphonique de jouer dans une salle digne de sa réputation? L’aveuglement idéologique de la ministre et ses fonctionnaires de l’Agence des PPP ne peut que confirmer le ridicule de la situation. Je me demande bien comment elle va s’y prendre, pour nous expliquer le retournement du principe même de l’adoption des PPP, soit celui de l’économie et de l’efficacité. Pour ces millions de dollars perdus dans les poches des partenaires du privé, on peut imaginer les pirouette qu’elle va utiliser…

Le 400e de Québec…

Loin de mon ancienne région, j’ai regardé quelques moments des festivités, sur Internet comme à la télé. Ça m’a agacé, pour ne pas dire emmerdé. Puis je suis tombé sur ce texte de Jean-Simon Gagné, qui en a vu davantage mais a confirmé certains trucs que j’ai observé. Des discours pompeux, des militaires qui n’ont pas d’affaires là, un double-standard dans les célébrations (une fête pour les riches, une fête pour les autres…), des références historiques tronquées, de la récupération politique… Encore une fois, je suis bien content de ne plus appartenir à cette région. Je me sens gêné pour les gens de Québec : ça aurait pu être une belle fête populaire, on en a fait un tarabiscotage de protocole et une vitrine pour les vues du gouvernement canadien. Je ne suis pas près de l’oublier, l’imposition de cette parade militaire et tant mieux si les soldats se sont fait huer par des manifestants, ce n’est pas tout le monde qui est dupe de la mission « humanitaire » en Afghanistan. Qu’ils l’avouent donc, à Ottawa, le tracé du grand projet pétrolier doit passer par Kandahar…


Une des dignitaires obligées de se tenir sous la flotte, la gouverneure-générale Mikaël Jean, s’est employée dans son discours à faire des raccourcis historiques pour gommer la division perpétuelle entre le Québec et le Canada. Encore un peu et elle va faire croire que la France a simplement laissé sa colonie aux Anglais, parce qu’ils lui ont demandé. Elle qui se prend désormais pour Élizabeth II en est rendue à imiter jusqu’à son insignifiance et ses façons guindées de salut la foule. Si au moins elle s’en tenait à cela, mais non! Elle a décidé que son rôle est désormais politique. J’espère que ça la rattrapera, cette usurpation de fonction.

Demain…

…je vais souligner un anniversaire, pas vraiment le mien, je suis né un 9 juillet. Je garde la surprise…


















mardi, juillet 01, 2008

La Fête de quoi, déjà?

Ce matin, ce sont les avertissements sonores d’un camion qui m’ont réveillé. Je me suis couché un peu tard et gris, je suis allé voir le show de Public Enemy au Métropolis… En vérifiant dans ma rue, lorsque j’ai ouvert les « stores », il s’agissait du véhicule d’une entreprise de déménagement. Ça m’a aussitôt rappelé que nous sommes le 1er juillet. Ce que je n’ai pas vu sur les balcons de ma rue, ce sont des drapeaux unifoliés rouge et blanc. Ça aurait été une bonne indication de la journée mais dans mon quartier, c’est plutôt rare. Je suis quand même dans l’extrémité est d’Hochelaga-Maisonneuve. La fête du Canada, comme partout au Québec, c’est une journée de congé, rien de plus. Tout le contraire à l’ouest de l’île, dans les secteurs et municipalités avec de fortes concentrations d’anglophones ou d’allophones tendant vers l’anglicisation. Et puis oui, je travaille aujourd’hui, le Festival de Jazz exige que je sois là au poste, même si les messagers et les facteurs sont en congé.

Pour l’avoir vu lors d’une randonnée en vélo un 1er juillet, ça se fête beaucoup chez les Anglais, mais ça n’a rien à voir avec la Saint-Jean-Baptiste, la fête nationale du Québec. Oui, on peut voir quelques spectacles mais en général, on se retrouve dans des fêtes de quartiers bien tranquilles, avec des gens bien élevés et propres sur leur personne. Des monsieurs et des madames qui jouent au boulingrin, habillés en rouge et blanc. Des fanfares de militaires, des cadets en uniformes et des anciens combattants avec leur béret et leurs médailles. Des membres de communautés culturelles qui se font des grosses bouffes entre eux dans les parcs, parce que dans le fond, ils profitent du congé mais ne le passent pas à déménager. Des membres de clubs sociaux complètement inconnus dans le reste du Québec, qui arborent des chapeaux bizarres et chantent des cantiques. J’ai bien vu quelques bières se faire boire dans les parcs longeant le boulevard Lakeshore, mais ça n’a aucune mesure avec les partys de bières et hot-dogs que je connais, dans mon secteur. Et pour ce que j’en sais, ça ne se termine pas tard.

C’est précisément cette journée et ces événements qui me maintiennent dans mes convictions indépendantistes. Je n’ai aucun sentiment d’appartenance à ces gens qui fêtent ainsi Je ne suis pas du genre à dire « maudits Anglais » ou encore à les dénigrer pour tout et pour rien. Je n’ai absolument rien à reprocher aux Canadiens, (sauf quelques morons qui leur font honte à eux-aussi, on a bien les nôtres…) ce sont leurs institutions que j’exècre. Les fonctions de gouverneur général et de lieutenant-gouverneur, l’attachement à la monarchie britannique, les faux-semblants de bilinguisme de la fonction publique, la GRC, l’armée canadienne, la Cour Suprême, le sénat canadien et tant qu’à faire, le drapeau canadien. Ces symboles suscitent chez moi aucun attrait, pour me faire changer d’avis sur le pays. C’est simple, je ne m’y reconnais pas. Tout comme à la fête du Canada.

Ça doit être pour ça, que je porte mon t-shirt avec un fleurdelisé dessus, précisément aujourd’hui.