mercredi, mai 28, 2008

Rire d’un gars déjà à terre? Ben non!

Maxime Bernier, vous connaissez déjà amplement l’homme et sa carrière météorique. Le député beauceron à l’accent bizarre doit regretter de s’être embarqué dans une aventure qui l’a fait mal paraître aux yeux du monde entier. En effet, j’apprenais ce matin que trois cents quotidiens à travers le monde et deux cents journaux aux États-Unis ont évoqué son histoire. Même en Chine, on a retrouvé sa photo dans le China Morning News. Il n’y a pas à dire, M. Bernier n’est pas prêt de revenir faire son tour à la Chambre des Communes. Jamais, de mémoire de gars intéressé à la politique, je n’ai vu quelqu’un aussi mal paraître, plusieurs fois en si peu de temps. Pire encore, c’est l’effet de ces erreurs à la chaîne dur son propre chef et Premier ministre. Il sera intéressant d’en savoir plus long, lorsque M. Harper reviendra au Canada. Pour l’instant, il va essayer de ne plus réentendre parler de son ex-ministre des affaires étrangères, pour trois ou quatre jours. Mission impossible.
















Et pour terminer sur son cas, un rappel de son passage au Fric Show, du temps où il défendait la position des pétrolières sur les prix de l’essence, en temps que numéro deux de l’IEDM. Sidérante, sa réplique au prof Lauzon. Écoutez-le bien, en pensant à la spéculation…

lundi, mai 26, 2008

Les « accommodations » raisonnables : le rapport est arrivé...sur les tablettes!

Je m’y attendais ce matin (23 mai), en écoutant les nouvelles. Hérouxville, ce village de la Mauricie, qui a tant fait parler (et rire) de lui, allait nous rappeler des moments dont on aurait préféré oublier. Suite à la publication du rapport Bouchard-Taylor et de ses 37 recommandations hier après-midi, il fallait que des journalistes aillent demander son au symbole de ce dérapage médiatique sur les accommodements raisonnables, le célèbre conseiller municipal Denis Drouin. Bien sûr, le bonhomme n’a pas changé son fusil d’épaule, le rapport ne reflète rien de ses craintes d’assimilation et il continue à confondre port du voile avec excision et lapidation. Le co-auteur du code de vie d’Hérouxville refera sûrement quelques apparitions, si on lui en donne l’occasion. Un « Mussolini de fond de rang » comme lui (l’expression n’est pas de moi, mais je l’ai trouvé juste) ne demande pas mieux que de refaire les manchettes.

Denis Drouin, dans toute sa splendeur...

En attendant les pitreries des xénophobes et des racistes inavoués comme l’an passé, j’ai jeté un œil rapide sur le rapport en question. Le travail me semble bien fait, c’est écrit dans un langage très compréhensible et surtout, on a identifié le principal problème. Ce dernier est nul autre que celui de la perception qu’ont eu les gens l’an dernier, ameutés par certaines histoires réelles, déformées et/ou gonflées et d’autres chimères nées d’esprits malintentionnés. On peut comprendre que la rectitude politique peut mener à des dérapages, comme cette histoire de renommer le sapin de Noël, devant l’Hôtel de Ville de Montréal, un « Arbre de Vie ». D’ailleurs, je ne me rappelle plus si cette histoire était vraie, ou une copie conforme à celle de Londres. Mais lorsque les lecteurs des journaux de Quebecor se sont mis à avoir des pseudo-témoignages d’accommodements abusifs à la chaîne, comme l’histoire des vitres givrées du centre YWCA d’Outremont, la question identitaire est devenue un enjeu électoral. Mario Dumont et son Union nationale créditiste (ADQ) ont surfé sur une vague de peur, l’inaction apparente du gouvernement Charest et l’incapacité du Parti québécois de présenter une position claire.

À cette époque, on a eu l’impression que ce repli sur soir, cautionné par les résultats électoraux de mars 2007 devenait ainsi l’expression du Québec face à la pluralité. Heureusement, il en était rien. Une fois la vague retombée, les co-auteurs du rapport ont bien vu qu’il s’agissait d’une méprise, relayée par des médias en mal de sensationnel. Quand j’ai entendu Dumont revenir avec son expression favorite de l’an passé, suite à la divulgation du rapport, je me suis dit qu’il allait sûrement remettre ça. « L’aplaventrisme », le slogan dépeignant le gouvernement lors des dernières élections, ne pourra pas être remis à la mode. Les électeurs ont découvert les conséquences du fait d’élire n’importe qui comme député, sur la seule question identitaire. Les résultats actuels de l’ADQ dans les sondages et lors des élections du 12 mai le démontrent bien.

Je vais lire plus attentivement le rapport, avant d’y aller de mes autres commentaires, s’il y a lieu. Au prix qu’il a coûté à la collectivité, c’est la moindre des choses.

Maxime Bernier : l’art de se commettre (et de coûter cher).

Je ne pouvais passer sous silence la dernière bourde du ministre canadien des affaires étrangères, l’ex-numéro deux de l’IEDM, l’honorable Maxime Bernier. Qu’a-t-il fait encore, le grand Beauceron à l’accent d’Ottawa? Cette fois-ci, n’écoutant que son grand cœur de Canadien (pas facile, pour un adepte du libre-marché dans toute forme de contexte, soit la loi de la jungle…), il a sorti en pleine conférence du Programme alimentaire mondial de l’ONU que les nouveaux avions-cargos C-17 de l’armée étaient disponibles, pour le transport des hélicoptères du PAM en Birmanie. Sa promesse de prêt est rapidement devenue embarrassante, les dits avions n’étant pas disponibles. Soucieux de ne pas renier la promesse du ministre, son équipe a dû louer un gros avion-cargo Antonov commercial, au prix fort (un million de dollars!).

J’ai l’air de me réjouir du malheur d’autrui. Il se trouve que ce n’est pas d’autrui qu’il est question, mais bien le plus détestable des ministres de Stephen Harper, un Taliban du libre-marché, s’il en est un. Le genre de type qui prône l’abandon des programmes sociaux, pour revenir à la charité d’antan, plus conforme à la vision capitaliste du bien commun. Du temps où il sévissait dans son Institut de la Vérité économique révélée, il m’a convaincu de son fanatisme envers les théories néolibérales, surtout avec son ouvrage paru en 2003, Pour un taux unique d'imposition : pour en finir avec le mythe des taux progressifs. Encore un de ces ouvrages prônant la dépolitisation, au profit d’une gestion purement capitaliste des échanges sociaux, que les Éditions Varia publiait, avant qu’elles ne soient vendues en 2006 au Investissements Bourgie.

Ah oui, j’oubliais : regardez comment il a l’air d’un beau champion, sur cette photo. Le gars avec lui, Michael Chamas, a l’air vraiment fier de son coup. Cette photo s’est retrouvée sur le site du type. Or, il s’agit d’un trafiquant d’arme international. Lors de la prise de cette photo, il venait de faire un beau discours, pour une soirée-bénéfice du Parti conservateur à Montréal le 15 janvier dernier. Aussi, le même monsieur est soupçonné d’avoir caché ses sales profits au fisc… belle fréquentation! Il paraît que notre ministre ne connaissait pas le monsieur avec qui il posait avec son grand sourire de champion. En tout cas, il venait d’écouter son petit discours…




Michael Chabas et le très honorable Maxime Bernier

jeudi, mai 22, 2008

10 guerres, 10 médiamensonges

Un de mes camarades, Adrien, m’a envoyé ce texte de Michel Collon, un journaliste de gauche issu du Parti des travailleurs belge. Il est l’auteur de quelques ouvrages portant sur la manipulation médiatique permettant l,’acquiescement des populations envers les guerres menées par leurs gouvernements. Dans ce court article, il fait mention des dix campagnes de désinformations menées par le gouvernement américain, avant de mener une intervention militaire ou une guerre. Actuellement, tout indique que les États-Unis préparent un coup contre le Venezuela et son président, Hugo Chavez. Il est important de garder à l’esprit que les États-uniens n’ont pas besoin d’une grande force de frappe, un « soulèvement » organisé et un « soutien à la libération » peuvent suffire pour remettre les Vénézuéliens à leur place, c’est-à-dire dans un état de dépendance et de servitude envers l’Empire.

Contre le Venzuela et l'Equateur, Bush nous refait le coup des "armes de destruction massive". Petit inventaire de la désinformation.

Chaque guerre est précédée d'un grand médiamensonge. Aujourd'hui, Bush menace le Venezuela et l'Equateur. Demain, l'Iran ? Et après, à qui le tour ?
Avec, dans le rôle de la marionnette, le président Uribe, narcotrafiquant et massacreur d'Indiens (quatre millions de déplacés). Lequel Uribe prétend avoir trouvé dans l'indestructible ordinateur de Raul Reyes (FARC) des preuves du soutien de Chavez au « terrorisme » et de militarisation de la région.
Des journaux comme Le Monde répercutent cette campagne de propagande pour la prochaine guerre de Bush. Rappelons simplement combien de fois les mêmes Etats-Unis et les mêmes médias nous ont déjà manipulés. Chaque grande guerre est « justifiée » par ce qui apparaîtra plus tard (trop tard) comme une désinformation. Inventaire rapide...

1. VIETNAM (1964-1975) :

- MEDIAMENSONGE : Les 2 et 3 août, le Nord-Vietnam aurait attaqué deux navires US dans la baie du Tonkin.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : L'attaque n'a jamais eu lieu. C'est une invention de la Maison-Blanche.

- VERITABLE OBJECTIF : Empêcher l'indépendance du Vietnam et maintenir la domination US sur la région.

- CONSEQUENCES : Millions de victimes, malformations génétiques (Agent Orange), énormes problèmes sociaux.


2. GRENADE (1983) :

- MEDIAMENSONGE : La petite île des Caraïbes est accusée de construire une base militaire soviétique et de mettre en danger la vie de médecins US.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Entièrement faux. Le président US Reagan a fabriqué ces prétextes de toutes pièces.

- VERITABLE OBJECTIF : Empêcher les réformes sociales et démocratiques du premier ministre Bishop (qui sera assassiné).

- CONSEQUENCES : Répression brutale et rétablissement de la mainmise de Washington.


3. PANAMA (1989) :

- MEDIAMENSONGE : L'invasion vise à arrêter le président Noriega pour trafic de drogue.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Créature de la CIA, Noriega réclamait la souveraineté à la fin du bail du canal. Intolérable pour les USA.

- VERITABLE OBJECTIF : Maintenir le contrôle US sur cette voie de communication stratégique.

- CONSEQUENCES : Les bombardements US ont tué 2.000 à 4.000 civils, ignorés des médias.


4. IRAK (1991) :

- MEDIAMENSONGE : Les Irakiens auraient volé les couveuses de la maternité de Koweït-City

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Invention totale par une agence publicitaire payée par l'émir du Koweït, Hill & Knowlton.

- VERITABLE OBJECTIF : Empêcher que le Moyen-Orient résiste à Israël et acquière son indépendance envers les USA.

- CONSEQUENCES : D'innombrables victimes par la guerre, puis un long embargo y compris sur les médicaments.


5. SOMALIE (1993) :

- MEDIAMENSONGE : Monsieur Kouchner se « met en scène » comme héros d'une intervention humanitaire.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Quatre sociétés US avaient acheté un quart du sous-sol somalien riche en pétrole.

- VERITABLE OBJECTIF : Contrôler une région militairement stratégique

- CONSEQUENCES : Ne parvenant pas à la contrôler, les Etats-Unis maintiendront la région dans un chaos prolongé.


6. BOSNIE (1992 - 1995) :

- MEDIAMENSONGE : La firme US Ruder Finn et Bernard Kouchner mettent en scène de prétendus camps serbes d'extermination.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Ruder Finn et Kouchner mentaient. C'étaient des camps de prisonniers en vue d'échanges. Le président musulman Izetbegovic l'a avoué.

- VERITABLE OBJECTIF : Briser la Yougoslavie trop à gauche, éliminer son système social, soumettre la zone aux multinationales, contrôler le Danube et les routes stratégiques des Balkans.

- CONSEQUENCES : Quatre années d'une guerre atroce pour toutes les nationalités (musulmans, serbes, croates). Provoquée par Berlin, prolongée par Washington.


7. YOUGOSLAVIE (1999) :

- MEDIAMENSONGE : Les Serbes commettent un génocide sur les Albanais du Kosovo

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD :
Invention pure et simple de l'Otan comme le reconnut Jamie Shea, son porte-parole officiel.

- VERITABLE OBJECTIF : Imposer la domination de l'Otan sur les Balkans, et sa transformation en gendarme du monde. Installer une base militaire US au Kosovo.

- CONSEQUENCES : Deux mille victimes des bombardements OTAN. Nettoyage ethnique du Kosovo par l'UCK, protégée de l'Otan.


8. AFGHANISTAN (2001) :

- MEDIAMENSONGE : Bush prétend venger le 11 septembre et capturer Ben Laden

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : Aucune preuve que ce réseau existe. De toute façon, les talibans avaient proposé d'extrader Ben Laden.

- VERITABLE OBJECTIF : Contrôler militairement le centre stratégique de l'Asie, construire un pipeline permettant de contrôler l'approvisionnement énergétique de l'Asie du Sud.

- CONSEQUENCES : Occupation de très longue durée, et forte hausse de la production et du trafic d'opium.


9. IRAK (2003) :

- MEDIAMENSONGE : Saddam posséderait de dangereuses armes de destruction, affirme Colin Powell à l'ONU, éprouvette en main.

- CE QU'ON APPRENDRA PLUS TARD : La Maison-Blanche a ordonné à ses services de falsifier des rapports (affaire Libby) ou d'en fabriquer.

- VERITABLE OBJECTIF : Contrôler tout le pétrole et pouvoir faire chanter ses rivaux : Europe, Japon, Chine...

- CONSEQUENCES : L'Irak plongé dans la barbarie, les femmes ramenées à la soumission et l'obscurantisme.


10 VENEZUELA - EQUATEUR - (2008 ?) :

- MEDIAMENSONGE : Chavez soutiendrait le terrorisme, importerait des armes, serait un dictateur (le prétexte définitif ne semble pas encore choisi).

- CE QU'ON SAIT DEJA: Plusieurs médiamensonges précédents se sont déjà dégonflés : Chavez tirant sur son peuple, Chavez antisémite, Chavez militariste... Mais la diabolisation continue.

- VERITABLE OBJECTIF : Les multinationales US veulent garder le contrôle du pétrole et des autres richesses de toute l'Amérique latine, ils craignent la libération sociale et démocratique du continent.

- CONSEQUENCES : Washington mène une guerre globale contre le continent : coups d'Etat, sabotages économiques, chantages, développement de bases militaires près des richesses naturelles..


Bref, chaque guerre est précédée et 'justifiée' par un grand médiamensonge. Et notre inventaire est loin d'être complet !

Empêcher les guerres, c'est démasquer ces médiamensonges le plus tôt possible et le plus largement possible. Merci de diffuser ce texte, de le traduire si possible (la version espagnole arrive bientôt), et de nous communiquer ces traductions. Dans la guerre de l'info, la véritable force, c'est vous!

Michel Collon.


mardi, mai 20, 2008

Retour au travail.

Après cette fin de semaine de trois jours, où je me suis exilé à Lévis, je réalise que j’ai encore négligé quelque peu d’écrire. Peut-être que je n’avais pas vraiment le temps, mais en fait c’est plutôt un repos complet que je cherchais à obtenir, en passant trois jours chez mes parents.

Comme repos, on repassera. Le souper aux homards chez Isabelle, ma vieille chum revenue vivre à Québec s’est avéré plus agité que prévu. C’est ce qui arrive, quand on se lance sérieusement dans la dégustation de vin blanc et de porto. Cette soirée m’a aussi permis d’essayer pour la première fois le fameux jeu Guitar Hero. Ça m’a rappelé la raison pour laquelle je n’ai jamais été habile pour apprendre à jouer de la guitare ou de la basse, d’où ma relégation depuis toujours au rôle de chanteur (ou hurleur, étant donné le genre que je pratique…). Pas mal du tout, ce jeu, ça fait passer une agréable soirée. Il paraît que la version « Rock band » est fameuse.

Que dire d’autres, de cette fin de semaine assez arrosée? Mes neveux m’ont reconnu, après les cinq mois d’absence à Lévis, ça m’a fait plutôt plaisir. Ma sœur me disait que le p’tit dernier, Thomas, dit mon nom en pointant du doigt les gars chevelus habillés en noir. Mon ancien batteur Martin est pas mal occupé, on envisage de reformer notre band d’autrefois, Betrayed Legion, le temps de quelques tounes sur scène. Ça coïnciderait avec le passage de mon band actuel à Lévis, peut être plus tard cet été. Parlant de mon ancienne ville, je remarque les nombreux chantiers de construction un peu partout, autant dans le résidentiel que le commercial. Plus de doute possible, mon ancienne région est en pleine expansion. Cela ne m’empêche pas de ne pas vouloir retourner vivre dans la région de Québec.

Daniel, le copain d’Isabelle, est originaire de Montréal. Au souper, il m’a fait remarquer que la population de Québec lui semble aigrie de tout et que les animateurs de radio sont incroyablement haineux envers Montréal. Il me citait en exemple les déblatérations de l’un d’eux, Gilles Parent du 93,3, contre la création possible d’une équipe de la LHJMQ à Montréal. Ça me rappelais bien ce côté que je déteste de cette région. Peut être que la population de Québec s’est fâché souvent contre la Métropole, pour bien des raisons souvent futiles. On m’a raconté qu’autrefois les amateurs de hockey trouvaient insultant le fait que le Canadien de Montréal, avant les séries, rappelaient les meilleurs de sa filiale, les As de Québec, où a débuté entre autres Jean Béliveau. On n’oublie pas non plus les années de la rivalité Canadien/Nordiques, ou encore les déménagements des sièges sociaux des sociétés d’État durant les années Bourassa, les multiples comparaisons désavantageuses pour Québec, le multiculturalisme de Montréal, les festivals, etc. Lors des deux autres élections, c’est l’incapacité du Parti conservateur et de l’ADQ à faire élire des députés sur l’Île qui semblait faire rager les observateurs à Québec. Il fallait lire les blogs adéquistes l’an dernier pour s’en convaincre, cette culture du « vrai Québec » versus Montréal, que leurs rédacteurs plaçaient en évidence, une autre raison pour détester les Montréalais.

…le plus troublant, quand j’y pense, c’est d’avoir été ainsi dans ma jeune vingtaine, un autre haineux envers Montréal. Ça me semble si lointain maintenant. Il faut croire que depuis, ou bien je suis devenu un Montréalais définitif, ou encore la région de Québec ne m’attire vraiment plus. Ce sentiment d’infériorité de Québec, le « gros village », compte pour beaucoup pour mon assimilation rapide. On me disait en fin de semaine que ce sentiment est en train de se transmettre à la ville de Lévis, du fait de son dynamisme et de la croissance de son économie. Pas étonnant que l’on se refuse de parler de Lévis, mais de la « rive-sud de Québec » dans les communications…

Blackwater, la firme de mercenaires…

…a été la cible de Mark Fiore cette semaine. Cliquez sur l’image!



jeudi, mai 15, 2008

Les soixante ans d’Israël : peut-on vraiment se réjouir?

Les Israéliens fêtent les soixante ans de leur État. Créé aux lendemains de la IIe Guerre mondiale sur la Palestine, agrandi et forgé dans la guerre des Six Jours et du Kippour, Israël est devenu un pays d’une importance capitale, de pas sa situation géostratégique et son lien d’intimité étroitement serré avec les États-Unis. Rarement nous avons eu une soirée où nous n’avons pas entendu parler de ce petit pays du Moyen-Orient, comme s’il s’agissait d’un voisin incontournable, comme un des États américains diront certain. Par le fait même, nous avons eu énormément d’information sur le conflit entre les Israélien et les Palestiniens, voire le monde arabo-musulman en général. Rien ne peut échapper au spectateur attentif de l’histoire de ce coin du monde. On en vient même à connaître par cœur la carte du pays, situer facilement la Bande de Gaza et la Cisjordanie, nommer les multiples parts politiques israéliens représentés à la Knesset et connaître la composition de l’Autorité palestinienne, etc.

Malgré nos connaissances sur cette région, il y a une gêne à réaliser la dérive amené par l’obsession de la sécurité de l’État hébreux. Quand nous observons ce qu’est devenu ce pays étonnant, bâti par la volonté de trouver une terre à un peuple martyrisé en Europe, nous constatons qu’il est devenu un État pratiquant une sorte d’apartheid, envers les Palestiniens des territoires occupés. La bande de Gaza est non seulement devenu un immense « Bantoustan », ces territoires autonomes fantoches créés par les Sud-Africains blancs pour parquer les populations noires travaillant dans leurs villes, afin de mieux nier leur citoyenneté. Dans le contexte actuel, la population de Gaza ne peut plus sortir de ce territoire car il est devenu une immense prison à ciel ouvert, pour reprendre l’expression la plus couramment utilisée.

Ce renforcement de l’oppression et de l’injustice globale envers la population palestinienne a évidemment renforcé la rancœur de son côté, nourrissant la haine et une dérive extrémiste religieuse. Les succès du HAMAS vis-à-vis le Fatah symbolisent cette dérive du citoyen ordinaire, persuadé que l’Autorité palestinienne dirigée par le parti du président Abbas est impuissant à réagir contre les incursions militaires israréliennes, tout comme ce qu’il m’apparaît la pire injustice, le découpage et la colonisation des territoires palestiniens.

Ce sont ces deux facteurs qui devraient être réglés une fois pour toute. Israël a agi de façon cavalière en ne respectant aucune des résolutions de l’ONU, sur les garanties territoriales de la population palestinienne, appuyé en cela par les présidences américaines successives depuis la création du pays. Cet appui tacite des administrations états-uniennes, doublé de leur aide militaire massive et scandaleuse, ont pesé lourd dans la poursuite de la politique d’occupation et de colonisation. Comment peut-on croire que les politiciens sionistes et les militaires vont stopper l’implantation des fanatiques religieux et/ou nationalistes dans les territoires occupés, sans un sérieux coup de barre de Washington? Or, malgré le réveil tardif de l’administration Bush II à la nécessité de créer un État palestinien viable, ce n’est pas demain la veille que nous verrons l’arrêt de ces vols délibérés de territoires palestiniens. La destruction du mur d’enceinte, véritable honte pour le peuple issu des ghettos, enverrais un message clair sur la sincérité du gouvernement israélien à vouloir la paix. Actuellement, en envoyant des roquettes sur des activistes connus du Hamas, peu importe l’importance du nombre de victimes collatérales, maintien l’état de guerre permanent entre les deux populations. On peut comprendre le besoin du pays de se défendre devant ces attaques, mais cette excuse est désormais caduque, compte tenu qu’elle a servi pour l’attaque, les destructions et l’affaiblissement du Liban en 2006. De plus, le laisser-faire du gouvernement Olmert devant les implantations sauvages de colonies ne peuvent que maintenir les Palestiniens (et le monde arabo-musulman en général) dans leur refus de reconnaître l’État d’Israël. Ce n’est sûrement pas ce gouvernement affaibli par les scandales qui va se tenir debout face aux colons sionistes, dont les appuis à la Knesset sont démesurés pour leur nombre.

Les Israéliens peuvent malgré tout être fiers de ce qu’ils ont accomplis, hormis par les armes et la spoliation. Ils forment une nation, avec une culture et une langue distincte, à partir de très peu de chose. Mais s’ils arriver à fêter le centenaire de leur pays, il leur faudra envisager des sacrifices et des renoncements, car c’est à eux de prouver leur amour pour la paix. L’ont-ils oublié, avec des années de mobilisation militaire et de répression policière?


mardi, mai 13, 2008

Hé hé hé! (rire méchant)

Une très belle journée. Pourquoi? C’est aujourd’hui que je vais voir enfin Arch Enemy sur scène, au Medley. Le plus beau, c’est que je ne vais pas payer un sous, comme d’habitude…à l’heure que j’écris ces mots, j’attends que sonne cinq heure, pour être libéré du boulot et me diriger aux Foufs, prendre un rafraîchissement et attendre l’heure du show.

Ah oui, bien sûr, rien ne m’a fait plus plaisir que la bonne troisième place de Québec solidaire, dans l’élection partielle tenue dans le comté de Hull. Idem pour le score réalisé dans Bourget, même dans Pointe-aux-Trembles, dans ce contexte, on a attend une partie de nos objectifs.

Hull :
Gaudreault, Maryse (P.L.Q./Q.L.P.) 7 431 voix 45,24 %
Aubé, Gilles (P.Q.) 5 576 voix 33,95 %
Clennett, Bill (Q.S.) 1 597 voix 9,72 %
Gibb, Brian (P.V.Q./G.P.Q.) 1 182 voix 7,20 %
Ruel, Jean-Philip (A.D.Q./É.M.D.) 530 voix 3,23 %
Villemaire, Jean-Roch (P.I.) 110 voix 0,67 %

Bourget :
Kotto, Maka (P.Q.) 6 604 voix 40,54 %
Thériault, Lyn (P.L.Q./Q.L.P.) 5 220 voix 32,04 %
McKay, Scott (P.V.Q./G.P.Q.) 1 835 voix 11,26 %
Mondor, Denis (A.D.Q./É.M.D.) 1 538 voix 9,44 %
Legault, Gaétan (Q.S.) 719 voix 4,41 %
Gervais, Richard (P.I.) 375 voix 2,30 %

Pointe-aux-Trembles :
Léger, Nicole (P.Q.) 7 657 voix 55,92 %
Dumais, Mélissa (P.L.Q./Q.L.P.) 2 977 voix 21,74 %
Bellemare, Diane (A.D.Q./É.M.D.) 1 903 voix 13,90 %
Daxhelet, Xavier (P.V.Q./G.P.Q.) 659 voix 4,81 %
Pigeon, Marie Josèphe (Q.S.) 220 voix 1,61 %
Provost, Colette (P.I.) 156 voix 1,14 %
Briand, Gérald (IND) 90 voix 0,66 %
Millette, Régent (IND) 31 voix 0,23 %
(ce M. Millette est un acharné : ça fait des années qu’il se présente à toutes les élections et le mieux qu’il peut faire, c’est battre le record du plus faible nombre de voix récoltées…)

On a beau dire que cela ne veut rien dire, ce sont des résultats d’élections partielles, que ces comtés sont acquis de longue date au PQ et au PLQ, que le pourcentage de gens qui ont fait l’effort de voter est minime, les faits sont convaincants : l’ADQ s’en va sur le diable, à mon grand plaisir. Ce matin, j’ai écouté Simon-Pierre Diamond, envoyé à l’abattoir par son chef pour expliquer cette déroute à Radio-Canada. C’était pathétique.

http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2008/RDI2/RDIEnDirectMatin200805130800_2.asx&epr=true

Il fallait le faire, prétendre que les électeurs ne s’étant pas présentés aux bureaux de scrutin étaient majoritairement des Adéquistes!

Mario Dumont et son état-major (s’il y en a un, à part lui et sa femme…) peuvent toujours remanier le cabinet fantôme, rien n’y fait. Ce parti est celui de la tribune téléphonique, du clip, de la phrase-choc et de l’idéologie néolibérale déguisé en « changement » et en « politique pour les familles de la classe moyenne ». C’est surtout le véhicule des préjugés, du repli sur soi et des solutions-miracles. La recette a pu marcher l’an dernier grâce à une série de conjonctures favorables, mais nous en sommes plus là. L’ADQ devait fournir la marchandise, montrer qu’il était un gouvernement en devenir, il a surtout démontré son incapacité de proposer quelque chose de concret et de pragmatique, quand ce n’est pas sa propension à faire de la petite politique. Déclencher une élection générale, sur le thème de l’abolition des commissions scolaires, ça n’a pas passé cet automne. Ses loufoqueries et son incapacité de dégager une vision claire sur des enjeux sociaux n’a pas aidé la cause de l’Opposition officielle, qui a si mal parue qu’elle a aidé le gouvernement le plus impopulaire à revenir dans les bonnes grâces des électeurs.

Je suis revenu souvent contre l’ADQ dans ce blogue, c’est un peu pour ces raisons. Je crois tellement en la chose politique que sa présence comme Opposition officielle, alors qu’il existe d’autres alternatives viables mais qui n’ont pas l’opportunité d’être représentées à l’Assemblée nationale, m’apparaît comme une anomalie gênante pour notre démocratie. Sa marginalisation est un juste retour des choses, pour ce que je considère comme de l’anti-politique, symbolisé par les députés de l’ADQ et leur incompréhension manifeste de leur rôle.

Il reste maintenant à voir ce qu’il va advenir de ce parti, après cette cuisante démonstration de la méfiance qu’il suscite désormais chez une très grande majorité d’électeur.


dimanche, mai 11, 2008

Catastrophe au Myanmar : prélude à l’aggravation de la crise alimentaire?

Toute la semaine, j’ai suivi avec intérêt le fil des événements entourant cette terrible crise humanitaire au Myanmar, l’ex-Birmanie. Ce pays, l’un des plus inaccessible sur la planète, a subi de plein fouet un cyclone de forte puissance, entraînant dans son sillage plusieurs dizaines de milliers de morts (certains médias évoquent les chiffres en centaine de milliers de morts). La crise s'est aggravée lorsque d’emblée, le régime militaire en place a minimisé l’état de la situation, a imposé un black-out médiatique sur sa propre population et pire encore, a refusé l’entrée aux équipes d’aide internationale et profite de la situation pour s’enrichir. Rarement une catastrophe humanitaire a autant servi les intérêts des dirigeants d’un pays, au détriment de sa propre population. Le symbole de cette situation grotesque est le maintien de la campagne menée tambour battant du référendum par la junte militaire, sur un projet de constitution leur donnant un pouvoir quasi-absolu.

L’inquiétude que peut susciter cette catastrophe est qu’elle survient au moment de la crise alimentaire. Le Myanmar, bien qu’il n’est pas dépendant des échanges commerciaux extérieur comme les pays soumis aux programmes du FMI et de la Banque mondiale, les obligeant à produire de façon spécialisée pour l’exportation, ne produit pas nécessairement pour ses propres besoins. Ses immenses terres sont en majorités vouées à la production de l’opium, ses besoins alimentaires sont donc comblées par l’importation. En effet, la junte au pouvoir est une « narcocratie », si je peut me permettre ce néologisme. Dans le contexte de la situation criantes des centaines de milliers de survivants, c’est une aggravation de la crise mondiale que nous devons envisager. Il était déjà difficile d’endiguer les problèmes criants des quelques pays sujets à cette crises alimentaires. Avec le million et demi de personnes soumis à la famine et aux maladies causées par la présence de cadavres se décomposant un peu partout, l’issue des événements risque fort d’être inédite dans l’histoire. Du moins, il faudra remonter aux pires catastrophes que l’humanité a subi.

Demain, c’est jour d’élection…

…dans les comtés de Bouget, Pointe-aux-Trembles et Hull. Pour mes lecteurs de ces comtés, je vous invite à vous prononcer, le droit de vote n’est pas un droit vain, pensez à toutes les populations qui en sont privées.

Surtout, j’aimerais voir un message clair : un vote de non-confiance envers l’Union nationale créditiste (ADQ). Particulièrement envers la candidate de l’ADQ dans Pointe-aux-Trembles, madame Diane Bellemare. Du temps où elle était la principale économiste du Conseil du Patronat du Québec, elle en proclamait des belles solutions. Les bons à l’éducation, cette forme hypocrite de créer un apartheid sociale dans le cheminement scolaire entre les classes sociales, c’est elle. La révision complète du code du travail pour « assouplir le milieu du travail » (i.e. favoriser le patronat), c’est encore elle. Le taux unique d’imposition, qui défavoriserait les travailleurs les moins nantis et amènerait inévitablement l’apparition de la tarification des services sociaux (quand on ne parle pas de leur disparition ou de leur privatisation), encore une de ses idées inspirées du néo-libéralisme. Voir cette personne représenter une partie des Montréalais, non merci! Il y a déjà trop de cette engeance néo-libérale qui siège à l’Assemblée nationale.

Sur l’autre candidat de l’ADQ dans Bourget, Denis Mondor, je ne vais que souligner ce lien assez peu subtile entre le fait français et l’immigration sur ses pancartes électorales. La clip électorale de son chef, dans sa splendeur. Quand on sait que la majorité des immigrants reçus l’an dernier maîtrise déjà le français, c’est un bel exemple du mépris de ce parti envers la réalité montréalaise.



Mon souhait le plus cher : que les candidats de Québec solidaire fassent un meilleur résultat que ceux de l’ADQ. Alors là, je ne porterai plus à terre!

Joyeuse Fête des Mère!

À toutes les mères qui me lisent, je vous souhaite une excellente journée, d’autant plus que nous avons un magnifique soleil du mois de mai aujourd’hui.

jeudi, mai 08, 2008

C'en est trop!

Vous connaissez déjà mon appréciation pour le moins mitigée de l’ancien numéro 2 de l’Institut de la Vérité Économique révélée (IEDM), le très subtil Maxime Bernier. Le ministre des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie canadienne, celui-là même qu’il a fait honte à son chef à plusieurs reprises, notamment pour son histoire de distribution de Jos Louis aux soldats à Kandahar. Je reviens souvent sur son cas, du seul fait que ce type est probablement le ministre le plus incompétent qu’il m’a été permis de voir sur la scène politique. Du temps où il sévissait à l’IEDM, je lisais déjà ses interventions d’allumé du libre-marché, avec ses prétentions incroyables à l’intelligence, quand il détermine que la hausse du prix du pétrole est tributaire de l’activisme des écologistes et de la gauche en général. Non seulement je le trouvais malhonnête, mais je le considérais comme un crétin. Tant qu’à induire les gens en erreur, aussi bien prendre des arguments plus brillants que ceux-là. Et la spéculation, M. Bernier, qu’est-ce que vous en faites?

Avec cette dernière révélation, s’il ne démissionne pas, c’est qu’il n’a rien compris. Je vous renvoi aux textes d’André Noël et André Cédilot, de même que le commentaire de Vincent Marissal, sur la relation de Bernier avec une dame dont les anciennes relations sentent le souffre. L’ex-femme d’un bras droit d’un shylock relié aux Hell’s Angels puis d’un membre en règle d’un club de motard affilié à ces mêmes Hell’s, madame Julie Couillard a tout un passé derrière elle. Le fait qu’elle ait changé de vie, même sans avoir été accusée d’un crime, n’empêche pas que l’on se pose de sérieuses questions sur la discrétion du ministre, sur la vie de son ex-amie de cœur, dont les relations ont été maintenues, selon toute vraisemblance.


« Qui n’a pas péché lance la première pierre »… ouais, mais là, avec ce ministre et la somme de ses bévues, on peut toujours à nouveau réclamer sa démission. Ça s’impose!

mercredi, mai 07, 2008

Pour revenir en arrière et rire un peu…

J’ai été un peu négligent la dernière semaine, dans la rédaction de ce blogue. Il faut dire que j’ai été un privilégié occupé : j’ai vu quatre spectacles en sept jours et j’ai payé pour un seul! Ah, les avantages de travailler dans le monde su spectacle. Comme si ce n’étais pas suffisant, j’ai marché pour le maintien du système des soins de santé publics samedi dernier, en compagnie de ma gang du PCQ et de Québec solidaire, tout en étant en pensées avec ceux du SEPB-Québec, mon syndicat de mes années de libraire. Dimanche dernier, je suis allé voir le défilé de mode des finissants et finissantes du Collège Lasalle, au Centre des Congrès, accompagné de mes amis avec lesquels je suis allé voir Apocalyptica, jeudi passé. Comme vous pouvez le constater, ma vie a été assez remplie, en plus de mon travail. Il a fallu que je déclare forfait, pour la rencontre du comité de coordination de Québec solidaire dans mon comté. Et jusqu’à ce samedi fatidique, pendant que je me faisais aller la tête de haut en bas sur les rythmes de Meshuggah et Ministry au Métropolis, le Canadien de Montréal se faisait bêtement éliminer par les Flyers. À ce sujet, on m’a envoyé cette image révélatrice sur mon état d’esprit, suite à cette défaite amère…



Je reviendrais un peu plus tard sur ces derniers événements, le temps de me trouver du temps libre, afin de vous décrire un peu ce que j’ai vu. Il y a de quoi raconter pendant des heures et des heures…

jeudi, mai 01, 2008

Pourquoi le 1er Mai?

Un peu d’histoire : voici un court texte, que je suis allé pêcher sur le site de Radio-Canada, pour vous rappeler ce que signifie la journée de la Fête des Travailleurs.

Les traditionnelles manifestations ouvrières du 1er mai tirent leurs origines de la fin du 19e siècle, alors que les États-Unis et l'Europe sont le théâtre de plusieurs grands conflits entre le mouvement syndical qui tente de « s'internationaliser » et les représentants du capitalisme que sont les dirigeants d'entreprises privées.

C'est un 1er mai, en 1886, que des centaines de milliers de travailleurs américains obtiennent, au terme de deux ans de lutte, la limitation de la journée de travail à seulement huit heures. Le 1er mai est choisi essentiellement pour des raisons pratiques, cette journée marquant pour une majorité d'entreprises américaines le début de leur année comptable.

Cependant, c'est aussi le 1er mai 1886 que choisissent, pour entrer en grève, des centaines de milliers d'autres travailleurs américains qui n'ont pu faire fléchir leurs patrons sur la question de la journée de huit heures. Cette grève générale entraînera dans son sillage de violentes manifestations et des répressions policières sanglantes qui dureront plusieurs mois et qui feront plusieurs morts dans les rangs des grévistes et des policiers.

En 1889, en France cette fois, l'Internationale socialiste s'inspire des tragiques événements américains pour décréter que tous les 1er mai seront dorénavant utilisés pour revendiquer le droit à la journée de travail de huit heures.

Une manifestation qui tourne au vinaigre dans le Nord de la France, deux ans plus tard, le 1er mai 1891, et lors de laquelle des manifestants sont abattus par la police, ancre davantage cette date comme le symbole de la lutte ouvrière.

Et la journée s'internationalise définitivement le 1er mai 1920, alors que la Russie communiste décide d'en faire une journée fériée, une initiative qui sera suivie par plusieurs autres pays.

En Amérique du Nord, les organisations syndicales, à l'exception notable de celles du Québec, à partir de 1970, n'ont pas suivi le mouvement, préférant au 1er mai une Fête du travail célébrée en septembre.


Et sur le même thème, j’ai trouvé cet excellent texte du professeur Jacques Rouillard, de l’université de Montréal, sur l’importance de se rappeler ce que signifie le 1er Mai, dans un pareil contexte désastreux pour les travailleurs, devant la financiarisation mondiale de l’économie. Je n'aurais pas pu écrire mieux, sur ce sujet.

On pourrait se demander s'il est encore de mise pour les centrales syndicales de célébrer, le 1er mai, une fête consacrée aux travailleurs. Elle rappelle la lutte des salariés nord-américains en 1886, en faveur de la journée normale de travail de huit heures, et les événements sanglants qui ont eu lieu à Chicago à cette occasion.

La célébration de cette journée par un défilé dans les rues s'est répandue en Europe à la fin du XIXe siècle et elle est devenue de nos jours une fête internationale commémorée partout dans le monde. Les organisations syndicales en Amérique du Nord n'ont pas suivi ce mouvement sauf au Québec, où les centrales syndicales se sont jointes à la tendance internationale depuis 1970.

Manifestation de solidarité

À l'origine et pendant longtemps, cette manifestation des travailleurs salariés visait à montrer de manière symbolique, par un défilé sur la place publique, la solidarité des ouvriers salariés et leur identité comme classe sociale. Comme l'autre fête du Travail célébrée le premier lundi de septembre et propre aux travailleurs nord-américains (marquée par un défilé à Montréal de 1886 à 1952), elle est le reflet de la montée de la classe ouvrière dans les sociétés industrielles. Mais cette volonté d'affirmation a-t-elle encore sa place de nos jours?

En effet, la notion de classe ouvrière est disparue du vocabulaire et de l'analyse de la société contemporaine. Elle a été largement remplacée par la notion de classe moyenne, qui s'étend bien au-delà des travailleurs salariés. Cette dernière appellation, basée uniquement sur l'échelle de revenus, présente un contour très vague, ce qui permet aux analystes, aux partis politiques et aux groupes d'intérêts de définir à leur façon et de manière bien contradictoire les intérêts et les aspirations de cette classe moyenne. Au cours des dernières années, elle signifierait pour plusieurs des réductions d'impôt et un repli de l'interventionnisme étatique.

Salariés en expansion

Mais la classe des travailleurs salariés est-elle vraiment disparue? Les statistiques sur la population active (qui participe au marché du travail) montrent qu'au contraire, les travailleurs salariés sont une catégorie sociale en voie d'expansion. Les personnes qui échangent leur force de travail pour un salaire forment de nos jours pas moins de 90 % de la population active, contre 71 % en 1961. Bien sûr, la structure occupationnelle de ces salariés a changé, la proportion des cols bleus ayant diminué et celle des cols blancs augmenté. Mais cela n'empêche pas qu'une proportion de plus en plus importante de personnes touche une rémunération pour leur travail.

La théorie économique néoclassique voudrait que la croissance de la richesse dans une société permette «d'améliorer le niveau de vie, de réduire la pauvreté et d'enrichir la classe moyenne», comme le défend le dernier rapport du groupe de travail sur l'investissement des entreprises présidé par Pierre Fortin et remis dernièrement au gouvernement du Québec. Le rapport plaide pour une hausse de la productivité des entreprises, source de croissance de la richesse collective, en favorisant l'investissement.

Pour ce faire, il recommande, entre autres, de réduire les impôts des entreprises et de taxer davantage la consommation, afin de «rendre le Québec encore plus concurrentiel et ouvert sur le monde». Cette stratégie permettrait finalement «d'augmenter le confort matériel de la classe moyenne», de diminuer la pauvreté et d'assurer le financement des services publics.

Pouvoir d'achat

Cette approche est suivie par nos gouvernements depuis le milieu des années 1980. Elle repose sur le postulat qu'il faut respecter les forces du marché et créer un environnement favorable à l'offre de biens plutôt que de stimuler la consommation. Il en résulterait un enrichissement collectif bénéfique pour tout le monde.

Mais ce n'est pas ce que montre l'expérience des 25 dernières années. Les travailleurs salariés, qui forment la majeure partie de la population active, n'ont pas vu leur pouvoir d'achat augmenter pendant cette période. En effet, le salaire réel hebdomadaire ou horaire moyen dans l'ensemble des industries a même légèrement diminué depuis 1983 au Québec comme dans l'ensemble du Canada.

Même les travailleurs salariés de la grande entreprise régis par des conventions collectives n'ont pas vu leur rémunération augmenter au-delà de la hausse des prix pendant cette période. C'est unique dans l'histoire du Québec et du Canada que les salariés ne puissent bénéficier d'une hausse de leur rémunération réelle. En effet, depuis que Statistique Canada relève des données sur les salaires et les prix (depuis 1900), l'inflation a été très rarement supérieure à l'augmentation moyenne des salaires horaires et hebdomadaires jusqu'à la fin des années 1970.

Gel salarial

Le gel salarial depuis le début des années 1980 s'accompagne également d'une semaine de travail qui n'a guère bougé depuis les années 1960. Elle a perdu un maigre deux heures (de 40 à 38,3 heures) pour les employés à plein temps (emploi principal) sur près de 40 ans. Encore une fois, c'est un raccourcissement du temps de travail beaucoup moins marqué que pour les décennies antérieures où, par exemple, la semaine moyenne de travail est passée en général de 48 à 40 heures dans les deux décennies d'après-guerre.

En ce qui concerne les avantages sociaux qu'on peut mesurer dans les conventions collectives, il y a un statu quo depuis le début des années 1980. Depuis cette période fleurit également plus que jamais le travail précaire (temps partiel, intérimaire, autonome), qui est passé de 16,7 % de la main-d'oeuvre en 1976 à 31,3 % en 2001. Pas étonnant que les Québécois ne puissent plus épargner, que l'endettement des ménages atteigne des sommets et qu'il faille deux revenus par famille pour avoir un niveau de vie convenable.

Niveau de vie

Ces constatations sont d'autant plus singulières que la croissance économique a été au rendez-vous au Québec comme au Canada au cours des dernières années. Le produit intérieur brut mesuré en dollars constants s'est accru de 2,3 % par année au Québec de 1981 à 2006, et la productivité du travail a augmenté de 1,2 % par année pendant la même période. La richesse se crée, mais les travailleurs salariés, qui forment 90 % de la population active, n'améliorent pas leur niveau de vie. C'est unique depuis plus de 100 ans de vie en société industrielle au Québec et au Canada.

Une stratégie de croissance économique qui ne privilégie que le fonctionnement des lois du marché (déréglementation, libre-échange, recul de l'interventionnisme étatique) sans se soucier d'en mesurer les effets sociaux se traduit par une concentration des richesses au sommet de la pyramide et fait de la majeure partie de la population des laissés-pour-compte.

Il est certainement souhaitable d'établir une économie forte et de s'enrichir collectivement afin de pourvoir, comme le veut le rapport Fortin, «diminuer la pauvreté, se procurer un plus grand confort matériel, s'accorder plus de temps libre, augmenter la quantité et la qualité des services publics».

Le sort des travailleurs

Mais le chemin suivi depuis plus de 25 ans ne s'oriente pas dans cette direction. C'est le contraire qui prévaut. Et constamment, on entend répéter qu'il faut créer de la richesse afin de pouvoir la redistribuer. Elle se crée, mais la redistribution est toujours reportée à plus tard. A-t-on oublié que l'objectif de la croissance industrielle est d'améliorer le sort des humains et non de l'avilir?

La célébration du 1er mai a encore toute sa signification pour montrer que les travailleurs salariés sont toujours une force sociale et que le discours néolibéral ne permet pas une distribution équitable de la richesse. Son application depuis 25 ans engendre une dégradation de la condition des salariés et une inégalité croissante du revenu des familles.