mardi, septembre 06, 2005

Sans l'État...

Je me souviens de la maxime de l’actuel gouvernement québécois, dévoilé lorsque celui-ci a déposé son premier budget. Non, ce n’était pas « Nous sommes prêts », ça c'était le slogan électoral. Yves Séguin, alors ministre des finances et vedette de l’équipe libéral, annonça la couleur de ce gouvernement par cette phrase :

« Ne vous demandez pas ce que l’État peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire SANS l’État ».

Voilà. Le mot était lancé, les libéraux allaient appliquer l’idéologie libérale du désengagement et de la privatisation. On a vu par la suite Monique Jérôme-Foget, toujours présidente du Conseil du trésor et admiratrice de Friedrich von Hayek, aller de sa déclaration loufoque : « Chéri, j’ai réduit l’État ». En grosse lettre sur le magazine l’Actualité. Comme si c’était vraiment leur mandat, clairement exigé par la population.
Voilà que nous en sommes à se demander si cette élection a été parfaitement agencé avec une hausse aberrante du coût de l’essence, pour que nous en soyons réduit à courir les pompes affichant le litre à 1.30$. Nous avons entendu alors « Mais que fait le gouvernement? ». Mais voyons, les ministre de Jean Charest vous l’ont dit, oubliez l’intervention de l’État, il s’est désengagé. Et puis de toute façon, ce n’est pas une juridiction provinciale, d’autant plus que le Québec, on n’y trouve pas encore de pétrole. Et le grand frère libéral à Ottawa? Même son de cloche : « on n’y peut rien, c’est une conjoncture internationale ». Hé bien voilà, il faudra s’y faire, comme les Français, il ne nous reste plus qu’à plonger la main dans sa poche…

Si ce n’est que l’essence, on se dit quand même, on ne se trouve pas si mal, quand on regarde la Nouvelle-Orléans, on se trouve bien ici, quitte à souhaiter l’arrivée de l’hiver… mais voilà, là-bas aussi, les gens se sont fait dire « On a réduit l’État, on a réduit les impôts, vous êtes libres et responsables, sachez faire sans l’apport de l’État. » Donc en absence d’un État digne de ce nom, on a laissé se dégrader les digues protégeant la ville, au profit des baisses d’impôts. Par ce dernier fait, on a oublié de mettre à jour un plan sérieux en cas de catastrophe, toujours possible celui-là. Et finalement, lorsqu’il a fallu intervenir, on a vu à la télévision à quoi l’État servait, une fois réduit et désengagé de son rôle social : protéger la propriété privée. Il a été plus urgent d’envoyer des hommes en arme plutôt que des secouristes, ceux-ci étant retardé dans leur démarche par l’arrivée des gardes nationaux et des troupes régulières, avec l’impérative priorité d’abattre à vue les « pillards », souvent des êtres affamés surpris avec de la nourriture avariée prise au Wal-Mart du coin…et il paraît qu’il faut abattre des voleurs, maintenant, le vol est punissable de mort, désormais…

Voilà ce que nous mène la réduction de l’État, les coupes dans les dépenses sociales, le retard des réinvestissements dans les infrastructures, l’obsession de la lutte au déficit, le désengagement, la déréglementation, la réduction ou l’abolition des impôts. Le navrant spectacle vu en Louisiane, espérons-le, fera peut-être réfléchir les meneurs de claque du libre-marché et autre lubies néo-libérales. Car nous non plus, nous ne sommes pas à l’abris des « Actes de Dieu », comme en janvier 1998…

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