lundi, janvier 12, 2009

Le grand dégoût.

Je n’avais rien écrit depuis le 31 décembre, sans trop savoir pourquoi. Rarement l’actualité a été marquée ces derniers temps d’un sujet qui me tient à cœur, soit le sort réservé aux Palestiniens dans les territoires occupés. Nombreuses ont été les occasions pour décrire les sentiments qui m’habitent, lorsque je vois des images insoutenables des attaques militaires disproportionnées contre les Palestiniens de la bande de Gaza, cette terre de Caïn au bord de la Méditerranée. Peut être suis-je épuisé, tant je n’ai vu que des images tristes des morts et des blessés, très majoritairement des civils palestiniens (et quelques Israéliens), au point de ne plus vouloir écrire du tout. Ce n’est pas ça. Pas de la fatigue, je perçois quand même chez moi le besoin de communiquer, après tant de jours de silence sur ce blogue. Je n’ai trouvé la réponse que ce matin.


Le dégoût, c’est le sommet de l’indignation. Trois semaines de conflit armé et plus de neuf cents Palestiniens abattus, majoritairement des civils désarmés, des femmes er des enfants, sans compter les blessés, les enfants traumatisés, les dégâts matériels, la précarité de la vie des habitants, l’absence de tout confort… et je ne parle pas de l’arbitraire mené par la mitrailleuse sur la population de Gaza, exercé par des militaires, je ne parle pas non plus de l’utilisation de bombes au phosphore dans des zones habités, ni des raids menés par voie aérienne, peu susceptibles de faire la distinction entre miliciens et civils. Seulement le dégoût d’une guerre absurde.

Le dégoût, c’est de savoir que la population israélienne est manipulée par ces politiciens avides de pouvoir et de vengeance, dont les intérêts électoraux ont commandé cette campagne militaire insensée, afin de démontrer lequel ferait le plus pour rétablir la réputation d’invincibilité de l’armée, mise à mal depuis la campagne de l’été 2006 contre le Hezbollah au Liban. Une autre mission militaire destructrice, au nom du droit d’auto-défense d’Israël. Un droit légitime devenu hors de proportion, si l’on en juge le pays en ruine qu’est redevenu le Liban suite aux multiples frappes dites stratégiques. Comme je l’ai écrit l’autre jour à un ami, je ne crois pas les Israéliens plus vils et plus militaristes, je ne les vois pas plus fanatisés que d’autres nations. Je suis certains que les gens là-bas aspirent au bonheur sans nécessairement faire le malheur des autres. Pourtant, la population est derrière leurs chefs, car elle croit que la destruction du Hamas, l’organisation ayant pris le pouvoir à Gaza, est la seule solution pour aspirer à vivre en paix. Sait-elle tout ce qu’il se passe à Gaza? Je l’ignore. Il paraît que les Israéliens, comme leur congénères de la diaspora, croient à la désinformation systématique favorisant les Palestiniens. Et chez eux, comme aux États-Unis, comment ça se passe? On n’a qu’à se rappeler comment le gouvernement américain a fait croire à la population au devoir d’envahir l’Irak, sous un prétexte mensonger. Je n’ose imaginer la façon dont ça se passe là-bas.


Le dégoût, ce sont les raisons évoquées pour justifier ces nombreuses victimes collatérales. La plus répétée, telle un mantra, c’est l’utilisation de la population de la bande de Gaza comme « bouclier humain » par les militants du Hamas, comme si le Hamas a été implanté par une force de l’extérieur. Depuis le temps où le territoire est bouclé par les forces armées israéliennes, suite à l’évacuation des colonies juives, il n’a pas fallu longtemps pour que ce mouvement prenne le pouvoir, par les urnes d’abord puis par la force, lorsque le mouvement a évincé les représentations du pouvoir de l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie et dirigée par le Fatah, rival du Hamas. Dans un contexte où seul le Hamas apparaît comme pourvoyeur de services et défenseur du territoire dans une situation critique, nul doute que la population s’est tournée vers lui, faisant ainsi le jeu des militaires israéliens, justifiés ainsi de ne pas être trop regardant sur le nombre possible de victimes collatérales. Imaginez, un millions et demi de personnes entassées dans un territoire de 4 010 km2… si moindrement les militaires et les membres du gouvernement israélien s’étaient préoccupés du sort des civils palestiniens, auraient-ils déclenché ces opérations?


Dégoûtantes, les amalgames honteuses et ridicules fabriquées par les éléments de notre droite militante, très active sur Internet, qui associe les mouvements de sympathie à la Palestine comme étant favorables au Hamas, au Hezbollah, voire au fondamentalisme islamique. J’ignore où ils vont chercher leurs informations, c’est tout à fait délirant. Ces crétins vont jusqu’à évoquer « l’antisémitisme et l’antiaméricanisme de la gauche québécoise » pour justifier cette association impossible. Certes, lors des manifestations contre l’agression israélienne, on pu voir des individus tenter de recruter quelques militants supplémentaires pour les cellules locales du Hamas et du Hezbollah, mais c’est faire preuve d’une malhonnêteté imbécile lorsqu’ils font pareille indistinction des gens dans une manifestation. De même, je suis dégoûté par la haine manifesté autant par d’authentiques antisémites dans les manifestations, faisant des amalgames douteux entre l’État israélien et le IIIe Reich, que par les ultranationalistes israéliens ou juifs qui crient à la trahison et menacent de mort leurs coreligionnaires ayant choisi de contester les choix meurtriers du gouvernement israélien.

En somme, je ne suis pas prêt de sortir de cet état, tant les combats ne semblent pas vraiment s’apaiser…


Pour trouver un début de réponse…


Radio-Canada a diffusé samedi dernier un documentaire du plus grand intérêt, Hollywood et les Arabes. On a démontré dans ce document l’image pernicieuse, raciste et très dommageable qu’a entretenu et entretient encore le cinéma américain envers la population d’origine arabe, qu’elle soit arabo-musulmane ou arabo-américaine. C’est tout simplement sidérant : on a laissé l’industrie cinématographique déshumanisé ainsi des millions et des millions de personnes, de la même façon dont l’ont été les Noirs, les Japonais, les Juifs sous le IIIe Reich, les Amérindiens durant la grande époque des films western, etc.

Ce qui suit est un extrait du film :





http://www.reelbadarabs.com/

3 commentaires:

Serge Adam a dit...

Bravo pour ta réflexion.
Il est vrai que ce n'est pas toujours facile de faire la part des choses et que certains en profitent pour mettre de l'huile sur le feu, mais c'est l'histoire de l'humanité.
Il faut toujours revenir à l'essentiel du problème, l'occupation de la Palestine depuis 1948 et les conséquences sur le peuple palestinien. Dans un passé pas très lointain, il y a eu l'OLP de Arafat que nos Israéliens qualifiaient de terroriste et comme des Palestiniens dénonçaient une certaine corruption régnant dans les rangs de l'OLP et bien une certaine partie de la population a misé sur d'autres partis. Ce qui a donné un prétexte aux Israéliens de continuer sa propagande contre la Palestine en ciblant le Hamas comme les nouveaux terroristes palestiniens. Mais le fond du problème est toujours le même l'occupation par Israël du territoire. Donc, tant et aussi longtemps que les pays impérialistes soutiendront Israël il n'y aura jamais de solution.
La solution passe par la reconnaissance d'un territoire palestinien, ce qui est le problème fondamental et de la création d'un État dirigé par et pour la Palestine avec tous les pouvoirs politiques, économiques et militaires. Et ce n'est pas demain la veille. Dommage.
Ne nous décourageons pas l'avenir appartient a ceux qui luttent pour la vérité et la justice dans ce monde.

Oktobre a dit...

Je suis bien d'accord avec toi Serge, cette analyse est rarement reprise dans les médias, va savoir pourquoi.

Serge Adam a dit...

Je vais donner une réponse simpliste. Ce sont les propriétaires des médias qui contrôlent et par l’entremise des directeurs qui obéissent au proprio censurent les nouvelles à faire paraitre. Je vais te suggérer un blogue intéressant qui parle des médias comme quatrième pouvoir, c'est un prof de l'université Laval,Florian Sauvageau intéressant
le titre de son blogue :
OÙ EST PASSÉ LE QUATRIEME POUVOIR
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Ne lâche pas.