mercredi, octobre 15, 2008

Mes impressions post-électorales.

Comme plusieurs d’entre vous, je ne suis satisfait qu’à demi des résultats électoraux. Oui, j’avais prévu revoir un gouvernement conservateur minoritaire mais pas ainsi, renforcé de plusieurs sièges en Ontario et en Colombie-Britannique. Au long de cette soirée, assis devant mes télés (celle de la cuisine et du salon, dépendamment de la réception variable avec les antennes, même pour Radio-Canada…), j’ai vécu quelques émotions, plus souvent négatives que positives.

Tout d’abord, je dois quand même présenter mon point de vue. J’ai voté pour la sixième fois pour le Bloc québécois, depuis que j’ai le droit de vote. Indépendantiste, je n’ai jamais pu me situer dans un pays comme le Canada autrement qu’opposé au fédéralisme tel que pratiqué depuis la Confédération. Du plus loin que je me souvienne, outre la peine que j’ai eu lors de la défaite référendaire de 1980 (j’avais neuf ans), le rapatriement de la Constitution opéré par le gouvernement Trudeau en 1982 a définitivement exclu de mon esprit cette possibilité de me voir en tant que Canadien. L’histoire m’a ensuite appris que cette lutte d’émancipation de ma nation s’inscrit sur la longue durée et que l’adversaire, le gouvernement canadien et ses valets francophones, fait tout en sont pouvoir pour l’écraser. C’est aussi simple que cela.

Dans le contexte où la question nationale n’a pas été tellement évoquée durant cette campagne électorale, mon vote était déjà acquis au Bloc. Comme bien des camarades de Québec solidaire, j’ai été tenté de voter pour le Nouveau parti démocratique (NPD), son programme a des éléments intéressants, mais en somme, le parti est définitivement voué à la centralisation des pouvoirs et l’assujettissement des provinces à des normes nationales définies par l’État central. D’autres ont voté pour le Parti communiste du Canada (PCC), ou encore le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC). Je reproche au premier son programme figé d’une époque révolue, plus près de la pose que d’un militantisme véritable; quant au second, il s’agit d’un parti politique dont le dogmatisme l’a définitivement relégué à la marge. Je sais que ma critique est courte, mais il a peu à dire de ces partis, tant ils n’ont qu’une présence plus que négligeable sur la scène politique.

J’ai donc voté pour le Bloc et son candidat dans mon comté, Réal Ménard, un homme que j’estime et qui travaille fort pour ses concitoyens. Je l’écris sans tomber dans l’automatisme apparent de la formule, ce politicien mérite son siège, beaucoup plus que d’autres…

…parce que sincèrement, certains élus ne méritent pas du tout leur élection. Non pas que je conteste le fait qu’ils ont été choisi par la majorité des votants de leur comté, mais franchement, ça me fait toujours une drôle d’impression, de savoir qu’un tel a été élu :

Justin Trudeau (Parti libéral) : les gens du comté de Papineau, habitués d’envoyer des libéraux au Parlement, avaient choisi d’envoyer en 2006 madame Viviane Barbot, une ancienne présidente de la Fédération des femmes du Québec. Le choix était intelligent, d’autant plus qu’ils se débarrassaient d’un politicien arrogant et prétentieux, en la personne de Pierre Pettigrew. Peut être qu’ils s’ennuyaient du genre de député-poseur peu habitué à leur quotidien, ils ont donc envoyé un type, le « fils de ». Un individu dont les journaux au Canada anglais ont fait un genre de « prince », comme son père l’a fait en s’affublant d’accoutrements ridicules. Dans le cas du fils, sa petite gueule de star bien « pipole » suffit. Mes habitent qui habitent le comté n’en reviennent pas, si je me fie sur leurs réactions lues sur le site Facebook. Il reste maintenant à savoir s’il apprendra à se la fermer, cette belle petite gueule, pour éviter à son chef (ou à l’éventuel successeur, m’est avis que l’actuel va probablement prendre la porte rapidement…) de se retrouver dans le trouble.

Maxime Bernier (Parti conservateur) : c’était prévisible, les Beaucerons l’ont réélu, leur grand champion. Le politicien le plus insignifiant qu’il m’a été permis de voir au Canada depuis André « le gros » Ouellet va retourner dans une officine très rapidement, du fait de sa large majorité. Quand je l’ai entendu répéter son mantra libertarien à la télévision, au lieu de répondre à la question du journaliste de Radio-Canada, soit « je vais défendre la responsabilité individuelle et la liberté individuelle », je me suis dit qu’on va pas s’ennuyer avec lui. Dans cette période où l’économie chancelante vient de démentir les convictions de ce grand prétentieux, on va bien rire, lorsqu’il tentera de défendre les projets de déréglementations qu’il garde quelque part, dans ses boîtes. Quant aux gens de la Beauce, ce n’est pas surprenant de les voir voter pour ce type. Il n’y a pas plus américanisée au Québec que cette région, fière de son pragmatisme anti-intellectuel et sa soumission à ses entrepreneurs locaux. Le paradis de la PME et des petits chefs…

Envers la Beauce, j’ai imaginé la pire vision, pour ses habitants : deux gars qui s’embrassent en plein centre-ville de Saint-George. Ouf! L’émeute garantie, dans cette région uniformisée au maximum. J’exagère et je beurre épais… mais de longue date, cette région est pour moi la plus refermée sur elle-même, avec une vision rétrograde du monde. Au CEGEP, à Lévis-Lauzon, les Beaucerons vivaient en vase clos, ne se mêlaient pas beaucoup aux autres jeunes des autres régions et avaient une idée fixe : en finir au plus vite avec les études, se trouver une job payante dans leur région, pas loin de papa-maman et de leur gang, pour se caser rapidement. Parce que du travail, il en a dans cette région, du moins pour l’instant…

André Arthur (indépendant) : Portneuf, une région où j’ai passé une grande partie de mon enfance, a choisi à nouveau d’envoyer comme député le pire démagogue que nous avons connu au Québec. Il est quand même juste de rappeler la faible majorité que cet individu a obtenu cette fois-ci, peut être parce qu’il ne fait pas le travail que ces électeurs lui ont demandé. En effet, l’homme au nœud papillon, qui cumule également l’emploi de chauffeur d’autobus et de grand gueule, hormis la commission où les conservateurs (son amitié avec Maxime Bernier l’a sans doute aidé) l’ont nommé, ne fout absolument rien avec son emploi de député. Pire, il s’en est vanté. Peu visible à la Chambre des Commune, où il doit se confondre avec les rideau, il a déjà indiqué qu’il animerait une émission à TQS, où son public d’aigris et de frustrés pourra l’entendre dire ses diffamation et sa haine de la démocratie.

Quand même, je n’ai pas retenu que du négatif. Hier soir, j’ai bien apprécié le fait que les gens de Vaudreuil-Dorion ont choisi Meili Faille du Bloc québécois, plutôt que Michael Fortier, le ministre autoproclamé « de Montréal » dans le cabinet Harper. Après l’avoir vu promener sa caravane avec le panneau des « coûts » du Bloc, une insulte aux électeurs québécois, qu’il ne s’étonne pas de se retrouver toujours sans siège… d’autant plus qu’il a démissionné du Sénat! Idem pour la réélection de Thomas Mulcair, un politicien capable et fort de ses convictions. Ça va peut être en faire sourciller quelques uns, mais je ne suis pas mécontent de la réélection de Denis Coderre. Une autre défaite bien appréciée est celle de Luc Harvey, un des députés conservateurs de la région de Québec, celui-là même qui s’est fait traiter d’imbécile dimanche dernier par Gilles Duceppe. Cet désormais ex-député n’était utile que comme backbencher, ce boulot consistant à gueuler n’importe quoi envers les députés de l’opposition. Sa défaite est bien méritée. Dommage que sa collègue Josée Verner ne l’a pas suivie…

Et puis après…

Il est encore trop tôt pour imaginer des scénarios, dans le contexte de la réélection d’un gouvernement Harper minoritaire. La seule avancée que je fait, c’est que rien ne va changer. Stephen Harper nous a déjà habitué à en prendre large, même en pareille situation. Peut être n’osera-t-il pas aller de l’avant avec des projets de loi trop controversés, malgré la faiblesse de l’autre parti « naturel » de gouvernement.

Il paraît que finalement, nous n’auront pas d’élection cette automne au Québec. Maudite bonne nouvelle! Deux élections de suite, ça aurait été trop pour les électeurs québécois. Dans le contexte de la très faible participation au scrutin, le geste du gouvernement Charest aurait été très imprudent de sa part, même si on le dit gagnant. Et les élections américaines vont prendre toute la place, désormais…


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