vendredi, octobre 24, 2008

Recevoir une brique au visage...

C’est décidément à la mode, par les temps de dépression économique. Hier soir, tout en faisant ma vaisselle, j’apprenais avec surprise la défection de deux député de l’Union nationale créditiste (ADQ) vers le Parti libéral. L’autre surprise de la soirée, ce fit le mea culpa d’Alan Greenspan, ci-devant président de la « Fed », la Réserve fédérale des États-Unis, l’équivalent de la Banque du Canada, l’institution de la monnaie canadienne. Il ne m’en faut pas beaucoup pour inspirer quelques lignes et des expressions surannées…

Quand le navire coule, les rats quittent le navire…

Vieille expression que celle-là. Ça n’a pas empêché deux caricaturistes de reprendre le thème du navire sombrant…







Dans cette histoire de défection, je n’ai pu m’empêcher d’être étonné de la réaction du chef de l’ADQ et de ses députés. Mario Dumont avait l’air moindrement fâché, n’hésitant pas à s’en prendre à ses anciens députés en insistant sur leur couardise devant de mauvais sondages (il a utilisé l’expression « faire dans leur culotte »…ce n’est pas un langage d’un chef de parti!); le député anti-environnemental Simon-Pierre Diamond, un type pourtant habitué à magouiller malgré son jeune âge, n’a pas hésité à traiter ses ex-collègues de « personnes vendant leur corps aux plus offrant ». Le plus surprenant a été le député de Montmagny-L’Islet admettre que plusieurs autres avaient été approchés par le Parti libéral; lorsqu’on lui a demandé si lui-même avait eu des offres de passer de l’autre côté, il a répondu « Malheureusement, non »… ça en dit long!

En fait, dans le contexte où le programme économique de L’ADQ n’est pas très différent de celui du PLQ, voire du Parti québécois, que la réforme constitutionnelle n’est pas à l’ordre du jour pour permettre aux adéquistes de définir leur « autonomisme », on se demande bien ce qu’il peut apporter, en tant que « gouvernement en devenir ». Ajouter à ces défections la piètre défense des dossiers importants par la députation adéquiste, peu portée à se démarquer des performances du chef et de sa garde rapprochée, de même que l’organisation plutôt inexistante sur le terrain, tant l’élection de ces députés sont le résultats de la campagne nationale et non des campagnes locales.

Les deux compères de la défection...

Un autre élément m’a frappé ce matin, à la suite de cette double défection. C’est ce commentaire suivant l’article de Robert Dutrisac, paru dans Le Devoir, à propos de la défection. Intitulé « Avoir le courage de ses convictions », l’auteur, P. Mario Charpentier, vice-président de l’exécutif national de l’ADQ, est un plaidoyer sur la viabilité et la légitimité de ce parti politique. Le texte est assez banal, sauf sur quelques points. D’abord, bien que mon propre style d’écriture ne peut être cité en exemple, le texte de M. Charpentier est assez mal écrit et semble être le brouillon d’un texte plus officiel. Ça peut se comprendre, étant donné qu’il suit de quelques heures le départ des deux députés. Pourtant, il porte aussi des éléments qui m’apparaissent gênant, surtout si on prétend être à un poste aussi important. Je retiens entre autre le fait que M. Charpentier a écrit le mot « lobéistes », au lieu de « lobbyistes », trahissant ainsi une méconnaissance du sens du mot. Sur le fond, le titre est une reprise intégrale de celui du livre de Mario Dumont, paru en 2005. Si le commentaire de M. Charpentier avait pour but de démentir l’idée que l’ADQ est le parti d’un seul homme, son chef, il s’est trahi en choisissant ce titre. Le côté assez flou de son texte révèle également celui qui habite les militants de ce parti, lorsqu’ils tentent d’expliquer les raisons de leur implication au sein de l’ADQ. M. Charpentier dit qu’il s’aligne désormais avec cette formation pour défendre la classe moyenne, mais il affirme du même souffle que celle-ci est opposée au corporatisme et au syndicalisme… la nuance aurait été nécessaire, mais on peut pardonner à son auteur de l’avoir écrit sur l’impulsion. Encore faut-il l’avoir signé en son nom personnel et n’engage que lui, mais il a ajouté la qualification de son poste, le désignant loin de la qualité de membre d’un exécutif local…

Nul doute que le conseil général de l’ADQ va être un peu morose, en fin de semaine. C’est pourquoi Mario Dumont va proposer de rouvrir la constitution canadienne…

Tomber de haut

Désormais, lorsque j’entendrais cette expression, j’aurai une petite pensée pour Alan Greenspan. L’ex-président de la « Fed », dont le mandat a duré près de vingt ans, s’est fait connaître pour sa foi sans faille envers les mécanismes du marché et l’absence de réglementation dans le domaine financier. Il est passé devant la commission sénatoriale, afin de tenter d’expliquer la nature de la crise financière actuelle. Ses déclarations se sont voulues alarmistes, mais j’ai surtout retenu sa déconvenue, devant l’échec de la théorie économique auquel il s’est référé depuis toujours. Néolibéral convaincu, disciple (et amant, dit-on…) de la « philosophe » Ayn Rand, la maîtresse à penser des libertariens, Alan Greenspan a tenue encore récemment ce discours :
« J'ai une idéologie. Mon opinion est que des marchés libres et concurrentiels sont de loin la (meilleure) façon d'organiser les économies, sans équivalent. Nous avons essayé la régulation, aucune n'a véritablement marché ».

Devant la crise, Greenspan a qualifié la crise de « tsunami », tel que l’on en voit un par siècle. Il a dû admettre que son obstination à ne pas réguler les échanges financiers et maintenir les taux d’intérêt très bas, en conservant une confiance aveugle envers les différents acteurs sur leur capacité à se contrôler, a été sa plus grande erreur. Plus concrètement, il a désigné l’excès des crédits subprimes, afin de réintégrer un maximum de consommateurs peu solvables dans le marché, comme étant la faille du système. L’appât du gain rapide d’un trop grand nombre d’institutions financières, surtout les banques, ont alourdi le poids de ces prêts insolvables sur l’ensemble du système financier, d’où son éclatement et la perte de confiance de tout le monde, sans compter la disparition de centaines de milliards de dollars en valeurs virtuelles et les économies de millions d’épargnants.

Bien peu d’entre nous, critiques de la mondialisation et du néo-libéralisme, peuvent se targuer d’avoir une formation d’économiste, encore moins d’avoir la reconnaissance et le prestige d’Alan Greenspan. Pourtant, je peux affirmer avoir « prévu » cette crise, peut être pas ultime mais inévitable, tant on pouvait observer certains symptômes, dont le ralentissement de la consommation ou la hausse vertigineuse du prix du pétrole. Les dernières nouvelles sur la production mondiale sont décourageantes, notamment en Asie où l’écho de fermetures d’usines en Chine (!) nous est parvenu. Du temps où le militantisme contre la globalisation avait atteint son zénith, suite aux événements de Seattle (automne 1999), nous protestions contre l’application de la déréglementation sur l’ensemble des sphères de la société, comme si la santé et l’éducation devait désormais être considérée comme une marchandise. Nos protestations ne furent pas vaines, imaginez si nos grands théoriciens néolibéraux avaient vraiment atteint leur but… Je me rappelle de cette métaphore, lors d’une manif de l’Opération SalAMI (groupement québécois opposé au projet de l’AMI, Accord Multilatéral sur les Investissements) : la mondialisation était perçue comme un processus où pour faire avancer une locomotive de plus en plus vite, on devait éliminer les freins, la direction, l’équipement de sauvetage, les freins de secours, en nous faisant croire que le mur que l’on apercevait devant n’existait pas…

Alan Greenspan, tentant de convaincre son auditoire...
Et ce soir…

Je vais voir le spectacle de Kataklysm, avec Eluveitie et Keep of Kalessin, au Medley. Les deux derniers groupes valent la peine de regarder un peu les clips qui suivent…



Keep of Kalessin


Eluveitie

1 commentaire:

nous avons la solution a dit...

En ce funeste anniversaire du Jeudi Noir de 1929. Le jour où la panique gagna les bourses de New York. Je préfère me rappeler de l'homme de la situation, Franklin Delano Roosevelt avec son New Deal puis son Bretton Woods.

Aujourd'hui, une fois encore, nous avons pu s'apercevoir que la crise n'est pas derrière nous. Nous sommes en plein dedans. La destruction de l'économie réelle s'accélère. Et avec les plans fous de renflouement du système, le risque d'une crise d'HYPERINFLATION augmente chaque jour! L’existence même des nations est mise en cause !

Hier, devant un parterre de dirigeants de Hedge Fund, Nouriel Roubini déclare que le pire est à venir.

La solution aujourd'hui! Dire stop à la folie de la tyrannie financière avec un VRAI Nouveau Bretton Woods!

Une bataille s'est engagée entre les dirigeants politiques autour du contenu du sommet sur la crise financière qui se tiendra le 15 novembre 2008 à Washington.

La population doit s'accaparer le débat! A toi la Parole!

David C.
david.cabas.over-blog.fr