L’Université de Chicago est aux prises avec une controverse peu commune, aggravée par les récents déboires économiques mondiaux. Des dirigeants de l’université ont planifié la construction du « Milton Friedman Institute », un projet de plus de 200 millions de dollars, en l’honneur de l’influent économiste dont les théories ont inspiré les dirigeants conservateurs en matière économique, Ronald Reagan, Margareth Thatcher, Brian Mulroney et possiblement Stephen Harper, pour en nommer quelques uns. Il s’est employé à justifier le laisser-faire économique et la réduction de l’État aux seules fonctions régaliennes, la loi et l’ordre en somme. Or, dès l’annonce de ce projet en juillet, afin d’assurer les assises de l’institution dans les domaines de l’administration, des affaires et du droit commercial, un vent d’opposition a soufflé sur le campus, ralliant un très grand nombre d’étudiants et surtout une pétition signée par plus d’une centaine de professeurs. Cette opposition a été motivée par l’orientation univoque appréhendée de cet institut, animée par la vision du monde de Friedman, dont la carrière s’est passée essentiellement à cette université. L’homme, de son vivant, a suscité bon nombre de controverses, non pas seulement par ses opinions économiques radicalement à droite et son obsession envers la responsabilité individuelle, « seule garante de la liberté », il a été le coordonateurs des économistes envoyés au Chili dès 1973, suite au coup d’État mené par les militaires sous les ordres du général Augusto Pinochet, contre le gouvernement élu de Salvador Allende.
Friedman et le général Pinochet...
La semaine dernière, le projet a pris du plomb dans l’aile. Le comité de l’université chargé du projet, toujours désireux de rendre hommage à leur « illustre professeur » (on a donné aux théories de Friedman le nom d’« École de Chicago » …) s’est fait opposer un argument de taille. La question est venue ainsi : est-il vraiment opportun de célébrer la mémoire du père du néo-libéralisme américain, dans le contexte où ses théories économiques se sont effondrées avec les marchés? Pire, l’application de la réduction de l’État par vingt-cinq années d’administration conservatrices a mené non seulement à cette crise actuelle, mais n’ont pas donné de résultats pour la grande majorité de la population.Le bilan est catastrophique : l’écart grandissant entre une petite minorité très riches et une large population s’appauvrissant, la lente disparition de la classe moyenne, l’inefficacité des services privatisés ou semi-privatisées dans des contextes d’urgence (ex : l’ouragan Katrina en Louisiane), l’absence d’assurance-santé pour plus de 50 millions d’Américains incapables de se payer des assurances privées, les scandaleuses rémunérations des PDG d’entreprises pourtant déficitaires, l’irresponsabilité des principaux acteurs du krach des hypothèques, etc. ont amené une sérieuse remise en question de ce modèle économique. Le débat semble se diriger vers un conflit larvé, entre partisans et adversaires du projet.
Cette remise en question des théories du laisser-faire est une excellente nouvelle, surtout si le débat se passe sur les terres d’où elles proviennent. L’attribution du « Prix Nobel » à un des économistes les plus opposés au « laisser-faire » économique, Paul Krugman, a sonné la charge. Assistons-nous à la fin de la « révolution conservatrice »? L’élection présidentielle très prochaine nous en indiquera davantage…
Cette remise en question des théories du laisser-faire est une excellente nouvelle, surtout si le débat se passe sur les terres d’où elles proviennent. L’attribution du « Prix Nobel » à un des économistes les plus opposés au « laisser-faire » économique, Paul Krugman, a sonné la charge. Assistons-nous à la fin de la « révolution conservatrice »? L’élection présidentielle très prochaine nous en indiquera davantage…
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