mardi, juin 10, 2008

La F1: beurk!

Ce n’est pas d’hier, je n’ai jamais eu d’affection pour ce cirque médiatique appelé le Grand Prix de la Formule 1. En fait, non seulement j’en ai rien à foutre de cette course d’auto bruyante, la course elle-même me laisse froid, mais tout ce qui entoure cette période m’est antipathique. Cette année, c’est encore pire et il a fallu que ça me concerne un peu plus directement pour me faire détester l’événement.

Des semaines avant l’événement, on se fait remplir d’informations à ce sujet, surtout sous le thème de l’argent. On nous rappelle de tout côté l’importance des retombées, en nous ramenant les profits perdus lorsque la F1 a passé son tour, il y a quelques années. On rappelle en jouissant d’avance combien les amateurs de cette course vont laisser en argent. Déjà que le prix d’entrée pour voir des voitures faire leurs tours est loin d’être accessible pour le commun des Montréalais, le beau monde de la F1 dépense sans compter. Je devrais me réjouir? Pffrt! Ça fait dix ans que j’habite cette ville, je n’en vois jamais directement, des retombées. Même du temps où je travaillais à la défunte succursale de Renaud-Bray au centre-ville, on ne pouvait voir la différence dans nos chiffres. Bon, il est vrai qu’on était éloigné dans le domaine avec les livres, mais nos ventes d’objets ne connaissaient pas vraiment de hausse. Notre ancienne gérante, celle avec qui j’ai eu maille à partir pendant des années, manquait tellement de sens du commerce que nous étions le seul commerce de la rue Sainte-Catherine à n’avoir aucune décoration liée au Grand Prix dans la vitrine… bon, ça aurait dû faire mon affaire, mais tant qu’à travailler en ces beaux dimanches de juin…

La course elle-même est une débauche de dépense honteuse. Chaque voiture vaut environs trois à cinq millions de dollars, dépendamment de sa qualité et de ses performances. Une voiture de course, est-ce vraiment utile à quelque chose d’autre qu’être un bête panneau publicitaire? Outre la marque de la voiture, on doit bien retrouver une vingtaine de logos d’entreprises sur les voitures, les casques et les combinaisons des pilotes. Ce n’est rien d’exceptionnel dans le monde du sport, mais cette course fait preuve d’une surenchère assez dégoûtante. Au moins, quand on regarde le hockey, on oublie assez vite les publicités sur les bandes et on n’en retrouve pas encore sur les maillots des joueurs. Et que dire des dépenses sur la piste elle-même, sur les infrastructures du circuit Gilles-Villeneuve, sur les voitures, le gaspillage d’essence, etc.? Une honte, considérant les besoins immédiats qu’ont les rues de la métropole. Je sais, j’ignore si la ville a une quelconque autorité sur le circuit, mais quand même, quand on manque de se planter en vélo dans les nids-de-poule de nos rues (comme moi samedi, sur la rue Clarke…), on en vient rapidement frustré de l’intérêt porté envers le pavage réservé aux fous du volant.

Que dire de plus sur les fans de ce genre de course? Je les méprise! En fait, je me demande quels sont vraiment les amateurs de cet événement, tant on n’est plus certain de l’engouement réel des spectateurs pour la course. En effet, on n’aura jamais eu autant de m’as-tu-vus dans les rues du centre-ville, c’est à se demander si eux-mêmes sont là pour voir des véhicules tourner en rond. En particulier, il faudrait m’expliquer pourquoi nous retrouvons à cet événement des centaines de poupounes siliconées, vêtues comme des porn-stars ou des starlettes de revues à potins (en fait, dans certains, cas, il s’agit bien de porn-stars et de starlettes!). Une honte à la cause de l’égalité de la femme! Pas étonnant que le Conseil du statut de la femme s’inquiète de la dérive particulièrement imbécile de la publicité, où les modèles féminins sont cantonnés à des rôles dépassés et à suivre aveuglément ce qu’il appelle « l’idéologie de la séduction ». Ainsi, le cirque de la F1 devient le cirque du clinquant et du kitsch, entre la casquette rouge Ferrari et les mocassins Gucci, les talons hauts et les robes au ras du pompon, on se la joue entre faux experts de la course automobile et en vrais voyeurs et exhibitionnistes. J’imagine facilement les affaires d’or des agences d’escortes, cette fin de semaine, dans des conditions où l’honnête célibataire endurci se fait harceler par ces images fantasmatiques de jeunes femmes peu vêtues, ces « glamour-girls » accompagnant les équipes de commanditaires.




Deux anecdotes viennent compléter ma diatribe envers la F1. Je suis allé voir le spectacle de Kataklysm et Martyr, accompagné de ma chume Judyth, samedi soir au Medley. Le show n’a pas fini tellement tard, nous sommes allés profiter du temps chaud de cette soirée pour aller boire de la belle bière sur la terrasse des Foufounes Électriques. Après avoir dépassé la fermeture des lignes de métro, on s’est entendu pour prendre un taxi. Las! Avec cette nuit des M’as-tu-vus, il fallait s’y attendre : pas de taxi disponible! L’amateur réel ou figuré de la F1, prévoyant comme il se doit, laisse sa voiture à la maison. Bien souvent, celle-ci est très loin du centre-ville. Le temps d’un voyage vers les extrémités de l’île, c’est une voiture de moins pour les autres. Deux heures et quelque à attendre un taxi sur le bord d’une rue, à voir déambuler les M’as-tu-vus et les autres fausses starlettes avec toutes les difficultés du monde à marcher avec leurs beaux souliers à talon aiguille, ça n’aide pas à être tolérant envers cet événement…

L’autre anecdote, c’est arrivé chez moi. Prévoyant que le Piknik Électronique devait être déplacé quelque part sur le parc Jean-Drapeau, j’ai eu la mauvaise surprise d’apprendre, en vérifiant sur Internet, que le Piknik faisait relâche ce dimanche. Misère! Plus tard, en allant à l’épicerie, « un imbécile-né aux gros tires, au cul jacké »* a fait un assourdiaant départ en faisait crisser ses pneus, au coin de Ste-Catherine et St-Clément. N’allez pas me faire croire qu’il n’était pas sous l’influence du bruit provenant de l’Île-Sainte-Hélène!

La F1 rend con. Voilà.


*Je dois cette expression à une chanson de Plûme Latraverse, « Le Fermier Jean ».

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