lundi, juin 30, 2008

Quand le navire coule, que font les rats?


J’ai eu énormément de plaisir à lire cet article, dans le Devoir du 28-29 juin. Je suis quelque peu étonné de cette réaction véhémente de la part de cette droite néolibérale, envers leur parti et son chef. L’Union nationale créditiste (ADQ) vient de se voir fortement critiqué par ses plus ardents défenseurs, au point que certains se dissocient d’elle. La raison est fort simple, le parti a pris une tournure pragmatique et délaisse son programme économique hérité du néolibéralisme le plus dogmatique (et imbécile). À mon humble avis, il s’agit de la voie normale pour ce type de parti politique, une fois rendu aux portes du pouvoir. Basé sur la seule personnalité de son chef et fondateur ainsi que d’une recherche vaine à démarquer une troisième voie sur la question nationale, l’ADQ a donc un sérieux problème d’identité qu’elle cherche à mieux définir, alors que son électorat s’est évaporé. Si son aspect le plus repoussant est mis de côté, c’est pour mieux se situer devant un électorat déçu de ses piètres performances comme Opposition officielle. Le maintien du programme, tel que le souhaitaient les Geloso et compagnie aurait été suicidaire.

Cette frange néolibérale est donc orpheline de son parti politique, à moins bien sûr qu’elle se réajuste au programme, malgré l’apport indésirable à leurs yeux de tous ces députés et militants ne partageant pas leur dogme du libre-marché omnipotent. Ça ne peut que me réjouir, devant la frustration de tous ces zigotos qui grenouillent pour ramener le Québec à l’ère de Duplessis, l’Église en moins mais l’IEDM en plus.

Révolte contre Dumont parmi la droite de l'ADQ

Québec -- Mario Dumont a renié ses positions de droite depuis qu'il est devenu chef de l'opposition. C'est ce que dénoncent des blogueurs «droitistes» qui ont milité et travaillé pour l'ADQ et avaient défendu ses positions sur le Web depuis 2005.

«Il existait autrefois un parti en faveur du libre-échange, de la libre-entreprise et de la libre-concurrence au Québec. Ces temps sont révolus...», écrit Vincent Geloso, un de ces blogueurs les plus connus.

«Je ne suis absolument plus un adéquiste et je n'ai pas honte de le dire. J'ai honte de dire que je l'ai été», pestait M. Geloso, 21 ans, lors d'un entretien téléphonique hier avec Le Devoir. Il se décrit comme un ancien «officier jeune» du parti. «Conseiller régional jeune» de la Montérégie en 2003, il a eu, à partir de l'année suivante et jusqu'à 2007, le titre de directeur des communications de la Commission des jeunes. En cette qualité, il a signé plusieurs communiqués de l'ancien président de la Commission des jeunes, Simon-Pierre Diamond, actuel député de Marguerite-d'Youville. M. Geloso avait été très actif sur Internet pendant la campagne de 2007 puisqu'il avait contribué à former la «Coalition des esprits libres», un regroupement de blogues de droite favorables à l'ADQ, sur le modèle des «Blogging Tories». M. Geloso avait travaillé à cette coalition avec Pierre Morin, alias «Mister P.», devenu par la suite chef de cabinet du vice-président adéquiste de l'Assemblée nationale, Marc Picard.

Depuis quelque temps, M. Geloso se dit ouvertement découragé par les positions de l'ADQ qui promeuvent l'interventionnisme de l'État et remettent en question le libre-échange. Le comble, selon cette vision des choses, c'est lorsque Mario Dumont, à la fin de mai, a réclamé du gouvernement une politique d'«achat local».

«Depuis le 26 mars 2007, tout a changé... L'ADQ est devenue le parti qui défend le protectionnisme, des dépenses accrues de l'État, rejetant l'idée de privatiser plusieurs organes de l'État, comme la Société des alcools, du dégel des droits de scolarité, des réglementations additionnelles sur le commerce, pour se jeter dans une orgie de subventions et de faveurs électorales.» La semaine dernière, M. Geloso a même ressorti un discours prononcé par Mario Dumont en 2001, qu'il dit être «digne de Frédéric Bastiat, de John Stuart Mill, de David Ricardo, de Richard Cobden, d'Adam Smith et de Milton Friedman», tous des penseurs du libéralisme, du néolibéralisme et des courants libertariens.

Dans un des derniers articles de son blogue («100 % libéralisé», vincent-geloso.blogspot.com), M. Geloso s'en prend au député adéquiste de Joliette, Pascal Beaupré. Ce dernier a, lors d'une allocution au Congrès des jeunes de l'ADQ, ouvertement pourfendu «tous les blogueurs» qui ont dénoncé les politiques d'achat local de l'ADQ. Le Devoir a tenté de joindre le jeune député de 25 ans hier. Mais au moment où nous avons entrepris nos démarches, le service des communications de l'ADQ nous a fait savoir que M. Beaupré était à l'aéroport, où il s'embarquait «incessamment» pour... Cuba.

D'autres blogueurs de droite ont des sentiments analogues à ceux de M. Geloso. Le 12 mai dernier, Bryan Breget, qui tient les blogues lavoiededroite.blogspot.com et suburbainlucide.net, écrivait: «j'ai été adéquiste, j'ai milité pour ce parti». M. Breget soutient qu'il ne le ferait plus aujourd'hui puisque «l'ADQ s'est transformée, s'est dénaturée. Passant d'un parti pro-marché de droite, il est maintenant un parti ultranationaliste, interventionniste et autoritaire». Un autre blogue de droite jadis plutôt favorable à l'ADQ, Antagoniste.net, dédiait récemment un extrait vidéo du penseur de l'École de Chicago Milton Friedman «à Pascal Beaupré et à sa bande de joyeux naufragés. Friedman a dû être déclaré persona non grata par Mario Dumont depuis que l'ADQ c'est gauchisée», écrivait-il.

Johanne Marcotte comprend

Aux yeux de Johanne Marcotte, qui a représenté l'ADQ au comité Castonguay sur le financement du système de santé et qui a travaillé en 2006 au cabinet de l'ADQ, la réaction des jeunes blogueurs est compréhensible. «De voir Mario Dumont prendre des positions de nationalisme économique, c'est effectivement surprenant», reconnaît celle qui a réalisé le documentaire L'Illusion tranquille, pamphlet contre le modèle québécois. «La sortie [de Mario Dumont] sur la caisse de dépôt, ça nous a extrêmement surpris», soutient-elle. En octobre 2007, M. Dumont, se disant inquiet de la vente de fleurons québécois à des intérêts étrangers, avait souhaité que la CDP intervienne. Sur la campagne d'achat local, Mme Marcotte croit que l'ADQ «ne fait pas suffisamment confiance» aux produits québécois, lesquels «vont réussir à se tailler une place par leurs qualités intrinsèques et non parce qu'ils sont aidés».

Bien qu'elles lui semblent justes, les critiques des blogueurs ne la conduisent pas à rompre avec le parti. L'afflux de nouveaux membres a changé la formation, estime-t-elle, et ceux-ci ne connaissent pas toujours «la culture» et les idées de la formation. «Ça viendra», dit-elle, confiante. À ses yeux, au sommet, de nouveaux conseillers ont aussi fait évoluer le discours. Une des influences est le nouveau président de la commission politique, Stéphane Le Bouyonnec, un ancien péquiste qui avait travaillé au projet Métaforia, centre de divertissement qui a fait faillite en 2001 en engloutissant une aide de 12 millions de dollars de la Société générale de financement. Mais tout compte fait, estime Mme Marcotte, le type de débat soulevé par les blogueurs est «sain» et démontre qu'il y a une vie à l'ADQ.

ADQ = Ligue du Nord?

Pour M. Geloso, actuellement stagiaire à Toronto pour le journal The National Post, le problème n'est pas que l'ADQ renie ses positions passées. «Le problème est plus profond que ça. C'est que ce parti n'en a jamais eu, de positions.» Il dit aussi qu'en tant que fils d'immigrant italien, il a été profondément insulté par les publicités électorales dans Bourget et Pointe-aux-Trembles, qui proposaient un «gel du seuil de l'immigration» comme solution au «déclin du français». Des pubs qu'il compare à celles d'Umberto Bossi, de la Ligue du Nord, en Italie, un parti hostile à l'immigration.

«Dire que j'ai déjà été membre de l'Action démocratique quand ce parti disait qu'il fallait déréglementer le marché du travail pour aider à l'intégration des immigrants et qu'il fallait reconnaître les acquis des immigrants, ou quand ce parti était rempli d'immigrants italiens, français, arabes, libanais ou hispanophones... [soupir] Existe-t-il encore des libéraux, des vrais, au Québec?», écrivait-il récemment sur son blogue.




Pascal Beaupré, posant en Roi du Bel Habit et Vincent Geloso, en poète maudit.

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