vendredi, septembre 19, 2008

Quand certains votent contre votre existence!

C’est peut être un effet du blues qui m’habite, quand l’automne arrive et qu’enfin je peux dormir sous mes drap. Ou encore la déception envers mes concitoyens, lorsque je lis et j’entends des commentaires imbéciles sur l’actualité politique. Finalement, c’est la seconde raison qui l’emporte. Encore heureux que je n’habite plus à Lévis, j’en serais déjà à soigner un ulcère d’estomac, en sachant que le mollusque député conservateur du coin va être facilement élu. Déjà que les électeurs de Portneuf, la région où j’ai passé mon enfance, va réélire le démagogue André Arthur.

Ces commentaires, ce sont surtout ceux de la catégorie des gens dont j’apprécie le moins la présence et surtout les opinions. Règle générale, je peux comprendre facilement les points de vue contraire aux miens, surtout s’ils sont appuyés par des faits ou des exemples. Mais quand il s’agit d’opinions forgées dans les préjugés, ça ne passe pas. Évidemment, les commentaires racistes, sexistes, homophobes, haineux, je ne les supporte plus, tant je les trouve nuls et sans objectifs autre que de nuire. Ce n’est pas de la politique quand on exprime sa volonté d’exclure une partie de la population, par ignorance ou par des craintes injustifiées. Le raciste, quand il propose de freiner l’immigration parce qu’il trouve que des « races », il y en a trop, n’a pas exprimé quelque chose de constructif, loin de là. Idem pour celui dont le droit à l’avortement devrait être supprimé, simplement parce qu’il s’appuie sur quelques faits. De même, je ne suis pas plus entiché d’entendre des extrémistes de gauche, tels que ces gens du Parti communiste révolutionnaire, dont la pureté idéologique leur commande de boycotter les élections par souci de ne pas participer à un exercice démocratique avec la bourgeoisie. C’est pourquoi ils vont qualifier les progressistes du NPD, du Parti vert ou de Québec solidaire de « gauche caviar »… c’est un peu court.

En fait, la chose la plus détestable qui réuni ces soi-disant points de vue politiques, c’est la volonté d’exclure un groupe de la société. Depuis le déclenchement des élections fédérales, je n’ai pas eu une seule journée où j’ai lu ou entendu une déclaration ou il était manifeste que l’on exprimait une idée d’exclusion. Ce n’est pas souvent dans la bouche des candidats, mais plus souvent des partisans politiques. L’opinion qui s’est fait entendre le plus depuis le 8 septembre, c’est celle qui appui les coupures dans les subventions aux arts. Que d’âneries j’ai pu entendre, de la part de gens dont le principal motif et de voter « contre ». Ainsi, ces électeurs voteront pour les conservateurs, parce qu’ils ont apprécié cette décision. Que de fiel versé contre les « béesses » que sont les artistes, perçus comme étant des riches gâtés qui en veulent toujours plus. On n’a qu’à observer les réactions, le lendemain du Gala des Gémeaux, où ces braves électeurs ne connaissent d’artistes que les vedettes de la télévision et du cinéma, venus à cet événement en tuxedo et en robe de cocktail. Quand on sait que certains comédiens ne gagnent qu’entre 15 000 et 20 000 dollars par année, les obligeant à vivre sur la brèche longtemps avant d’avoir des rôles régulièrement, ou encore les différents créateurs qui doivent cumuler plusieurs emplois pour arriver à joindre les deux bouts, je ne vois pas qui peu bien « profiter du système »…

La meilleure réplique lue récemment est un commentaire sur le blog de Patrice Lagacé. L’auteur se targue d’être une « tata du gros bon sens », cette tribu terrible dont le principal leitmotiv est d’exprimer sa hargne contre tout ce qui leur apparaît comme contraire au sens commun (être propriétaire, se croire d’une classe moyenne, avoir des enfants, habiter en banlieue, être propre, regarder la télévision, se coucher pas trop tard, aimer Céline Dion…bref n’importe quoi qualifié de « normal »). L’an dernier, on a eu droit à de magnifiques exemples de cette pensée de haute voltige, de la part des partisans de l’Union nationale créditiste (ADQ). Maintenant, il faut croire que la tribu terrible va probablement voter bruyamment pour les Tories, au nom du gros bon sens. La dénommée Supermario nous a donné cette perle, qui exprime une connaissance aigue de la politique et des affaires publics :

supermario

Le Jeudi 18 Septembre 2008

Moi je fais partie de ces tatas du gros bon sens et j’en suis fière. Je suis Québecois-canadien-français de souche et je rêve de passer à autre chose…

Les conservateurs sont peut-être les seules à l’avoir compris, bien des Québecois en ont assez des débats OUI-NON et de la gauche. Leur solution : régler le problème à la source en coupant l’aide aux artistes qui militent pour la gauche en général.

Ces gauchistes paralysent notre système, les priver de subvention est un bon moyen pour empêcher la propagande socialiste qui nous guide tout droit vers des problèmes économiques.
(C’est moi qui souligne.)

Pour ce qui est des libéraux comme Mme.Forget et M.Hamad, bien il essaie simplement de se faire passer pour des « sauveur-eniste » qui défendent les intérets de la nation. Ils veulent aller chercher le vote des brebis égarés du PQ tout simplement.

Quand je lis des commentaires semblables, je me demande toujours si j’ai manqué quelque chose. Québec solidaire est pratiquement le seul parti de gauche (il y a aussi le Parti marxiste-léniniste du Québec, mais loin derrière, très loin…), il rassemble de 3 à 8% des voix dans les sondages mais aux yeux de cette tribu, c’est ce parti qui dirige le Québec! À moins que nous sommes dans une république populaire ou socialiste et que personne me l’ait dit! Tiens, pourquoi pas, la tribu considère tous ceux en dehors de l’ADQ et du Parti conservateur, comme tous des gauchistes! Ah, si c’étais vrai!

En somme, ces gens plastronnent de voter contre tel pou tel groupe et vont jusqu’à nier un droit de parole à ces ennemis désignés, comme s’il s’agissait de créatures nuisibles. Dans l’immode film adéquiste « L’Illusion Tranquille », de Johanne Marcotte, c’est justement la stratégie recherchée : monter des citoyens en grand nombre contre « l’autre » (les syndicalistes, les gens de gauche, le Parti québécois. les souverainistes, les fonctionnaires, les sociaux-démocrates), dont on semble avoir oublié qu’il s’agit d’êtres humains et non de cancrelats*. Cette stratégie semble être utilisée encore à cette élection et elle m’apparaît symptomatique d’un grand malaise. Personnellement, je serais tenté d’y voir une résurgence d’un conflit entre classes sociales, mais il est possible qu’il s’agisse d’un échec plus important, soit l’affirmation de vouloir vivre ensemble. Cette mentalité d’assiégé affirmée haut et fort par la tribu exclusiviste m’apparaît indigne et me fait craindre les pires débordements.


*J’utilise le terme « cancrelat », car le sous-entendu historique m’apparaît très lourd de sens…

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