lundi, mai 26, 2008

Les « accommodations » raisonnables : le rapport est arrivé...sur les tablettes!

Je m’y attendais ce matin (23 mai), en écoutant les nouvelles. Hérouxville, ce village de la Mauricie, qui a tant fait parler (et rire) de lui, allait nous rappeler des moments dont on aurait préféré oublier. Suite à la publication du rapport Bouchard-Taylor et de ses 37 recommandations hier après-midi, il fallait que des journalistes aillent demander son au symbole de ce dérapage médiatique sur les accommodements raisonnables, le célèbre conseiller municipal Denis Drouin. Bien sûr, le bonhomme n’a pas changé son fusil d’épaule, le rapport ne reflète rien de ses craintes d’assimilation et il continue à confondre port du voile avec excision et lapidation. Le co-auteur du code de vie d’Hérouxville refera sûrement quelques apparitions, si on lui en donne l’occasion. Un « Mussolini de fond de rang » comme lui (l’expression n’est pas de moi, mais je l’ai trouvé juste) ne demande pas mieux que de refaire les manchettes.

Denis Drouin, dans toute sa splendeur...

En attendant les pitreries des xénophobes et des racistes inavoués comme l’an passé, j’ai jeté un œil rapide sur le rapport en question. Le travail me semble bien fait, c’est écrit dans un langage très compréhensible et surtout, on a identifié le principal problème. Ce dernier est nul autre que celui de la perception qu’ont eu les gens l’an dernier, ameutés par certaines histoires réelles, déformées et/ou gonflées et d’autres chimères nées d’esprits malintentionnés. On peut comprendre que la rectitude politique peut mener à des dérapages, comme cette histoire de renommer le sapin de Noël, devant l’Hôtel de Ville de Montréal, un « Arbre de Vie ». D’ailleurs, je ne me rappelle plus si cette histoire était vraie, ou une copie conforme à celle de Londres. Mais lorsque les lecteurs des journaux de Quebecor se sont mis à avoir des pseudo-témoignages d’accommodements abusifs à la chaîne, comme l’histoire des vitres givrées du centre YWCA d’Outremont, la question identitaire est devenue un enjeu électoral. Mario Dumont et son Union nationale créditiste (ADQ) ont surfé sur une vague de peur, l’inaction apparente du gouvernement Charest et l’incapacité du Parti québécois de présenter une position claire.

À cette époque, on a eu l’impression que ce repli sur soir, cautionné par les résultats électoraux de mars 2007 devenait ainsi l’expression du Québec face à la pluralité. Heureusement, il en était rien. Une fois la vague retombée, les co-auteurs du rapport ont bien vu qu’il s’agissait d’une méprise, relayée par des médias en mal de sensationnel. Quand j’ai entendu Dumont revenir avec son expression favorite de l’an passé, suite à la divulgation du rapport, je me suis dit qu’il allait sûrement remettre ça. « L’aplaventrisme », le slogan dépeignant le gouvernement lors des dernières élections, ne pourra pas être remis à la mode. Les électeurs ont découvert les conséquences du fait d’élire n’importe qui comme député, sur la seule question identitaire. Les résultats actuels de l’ADQ dans les sondages et lors des élections du 12 mai le démontrent bien.

Je vais lire plus attentivement le rapport, avant d’y aller de mes autres commentaires, s’il y a lieu. Au prix qu’il a coûté à la collectivité, c’est la moindre des choses.

Maxime Bernier : l’art de se commettre (et de coûter cher).

Je ne pouvais passer sous silence la dernière bourde du ministre canadien des affaires étrangères, l’ex-numéro deux de l’IEDM, l’honorable Maxime Bernier. Qu’a-t-il fait encore, le grand Beauceron à l’accent d’Ottawa? Cette fois-ci, n’écoutant que son grand cœur de Canadien (pas facile, pour un adepte du libre-marché dans toute forme de contexte, soit la loi de la jungle…), il a sorti en pleine conférence du Programme alimentaire mondial de l’ONU que les nouveaux avions-cargos C-17 de l’armée étaient disponibles, pour le transport des hélicoptères du PAM en Birmanie. Sa promesse de prêt est rapidement devenue embarrassante, les dits avions n’étant pas disponibles. Soucieux de ne pas renier la promesse du ministre, son équipe a dû louer un gros avion-cargo Antonov commercial, au prix fort (un million de dollars!).

J’ai l’air de me réjouir du malheur d’autrui. Il se trouve que ce n’est pas d’autrui qu’il est question, mais bien le plus détestable des ministres de Stephen Harper, un Taliban du libre-marché, s’il en est un. Le genre de type qui prône l’abandon des programmes sociaux, pour revenir à la charité d’antan, plus conforme à la vision capitaliste du bien commun. Du temps où il sévissait dans son Institut de la Vérité économique révélée, il m’a convaincu de son fanatisme envers les théories néolibérales, surtout avec son ouvrage paru en 2003, Pour un taux unique d'imposition : pour en finir avec le mythe des taux progressifs. Encore un de ces ouvrages prônant la dépolitisation, au profit d’une gestion purement capitaliste des échanges sociaux, que les Éditions Varia publiait, avant qu’elles ne soient vendues en 2006 au Investissements Bourgie.

Ah oui, j’oubliais : regardez comment il a l’air d’un beau champion, sur cette photo. Le gars avec lui, Michael Chamas, a l’air vraiment fier de son coup. Cette photo s’est retrouvée sur le site du type. Or, il s’agit d’un trafiquant d’arme international. Lors de la prise de cette photo, il venait de faire un beau discours, pour une soirée-bénéfice du Parti conservateur à Montréal le 15 janvier dernier. Aussi, le même monsieur est soupçonné d’avoir caché ses sales profits au fisc… belle fréquentation! Il paraît que notre ministre ne connaissait pas le monsieur avec qui il posait avec son grand sourire de champion. En tout cas, il venait d’écouter son petit discours…




Michael Chabas et le très honorable Maxime Bernier

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