jeudi, mai 15, 2008

Les soixante ans d’Israël : peut-on vraiment se réjouir?

Les Israéliens fêtent les soixante ans de leur État. Créé aux lendemains de la IIe Guerre mondiale sur la Palestine, agrandi et forgé dans la guerre des Six Jours et du Kippour, Israël est devenu un pays d’une importance capitale, de pas sa situation géostratégique et son lien d’intimité étroitement serré avec les États-Unis. Rarement nous avons eu une soirée où nous n’avons pas entendu parler de ce petit pays du Moyen-Orient, comme s’il s’agissait d’un voisin incontournable, comme un des États américains diront certain. Par le fait même, nous avons eu énormément d’information sur le conflit entre les Israélien et les Palestiniens, voire le monde arabo-musulman en général. Rien ne peut échapper au spectateur attentif de l’histoire de ce coin du monde. On en vient même à connaître par cœur la carte du pays, situer facilement la Bande de Gaza et la Cisjordanie, nommer les multiples parts politiques israéliens représentés à la Knesset et connaître la composition de l’Autorité palestinienne, etc.

Malgré nos connaissances sur cette région, il y a une gêne à réaliser la dérive amené par l’obsession de la sécurité de l’État hébreux. Quand nous observons ce qu’est devenu ce pays étonnant, bâti par la volonté de trouver une terre à un peuple martyrisé en Europe, nous constatons qu’il est devenu un État pratiquant une sorte d’apartheid, envers les Palestiniens des territoires occupés. La bande de Gaza est non seulement devenu un immense « Bantoustan », ces territoires autonomes fantoches créés par les Sud-Africains blancs pour parquer les populations noires travaillant dans leurs villes, afin de mieux nier leur citoyenneté. Dans le contexte actuel, la population de Gaza ne peut plus sortir de ce territoire car il est devenu une immense prison à ciel ouvert, pour reprendre l’expression la plus couramment utilisée.

Ce renforcement de l’oppression et de l’injustice globale envers la population palestinienne a évidemment renforcé la rancœur de son côté, nourrissant la haine et une dérive extrémiste religieuse. Les succès du HAMAS vis-à-vis le Fatah symbolisent cette dérive du citoyen ordinaire, persuadé que l’Autorité palestinienne dirigée par le parti du président Abbas est impuissant à réagir contre les incursions militaires israréliennes, tout comme ce qu’il m’apparaît la pire injustice, le découpage et la colonisation des territoires palestiniens.

Ce sont ces deux facteurs qui devraient être réglés une fois pour toute. Israël a agi de façon cavalière en ne respectant aucune des résolutions de l’ONU, sur les garanties territoriales de la population palestinienne, appuyé en cela par les présidences américaines successives depuis la création du pays. Cet appui tacite des administrations états-uniennes, doublé de leur aide militaire massive et scandaleuse, ont pesé lourd dans la poursuite de la politique d’occupation et de colonisation. Comment peut-on croire que les politiciens sionistes et les militaires vont stopper l’implantation des fanatiques religieux et/ou nationalistes dans les territoires occupés, sans un sérieux coup de barre de Washington? Or, malgré le réveil tardif de l’administration Bush II à la nécessité de créer un État palestinien viable, ce n’est pas demain la veille que nous verrons l’arrêt de ces vols délibérés de territoires palestiniens. La destruction du mur d’enceinte, véritable honte pour le peuple issu des ghettos, enverrais un message clair sur la sincérité du gouvernement israélien à vouloir la paix. Actuellement, en envoyant des roquettes sur des activistes connus du Hamas, peu importe l’importance du nombre de victimes collatérales, maintien l’état de guerre permanent entre les deux populations. On peut comprendre le besoin du pays de se défendre devant ces attaques, mais cette excuse est désormais caduque, compte tenu qu’elle a servi pour l’attaque, les destructions et l’affaiblissement du Liban en 2006. De plus, le laisser-faire du gouvernement Olmert devant les implantations sauvages de colonies ne peuvent que maintenir les Palestiniens (et le monde arabo-musulman en général) dans leur refus de reconnaître l’État d’Israël. Ce n’est sûrement pas ce gouvernement affaibli par les scandales qui va se tenir debout face aux colons sionistes, dont les appuis à la Knesset sont démesurés pour leur nombre.

Les Israéliens peuvent malgré tout être fiers de ce qu’ils ont accomplis, hormis par les armes et la spoliation. Ils forment une nation, avec une culture et une langue distincte, à partir de très peu de chose. Mais s’ils arriver à fêter le centenaire de leur pays, il leur faudra envisager des sacrifices et des renoncements, car c’est à eux de prouver leur amour pour la paix. L’ont-ils oublié, avec des années de mobilisation militaire et de répression policière?


Aucun commentaire: