vendredi, juillet 04, 2008

Une question purement idéologique.

J’ai avalé mon café de travers ce matin, quand j’ai lu sur le site du Devoir ce titre : Nouvelle salle de l'OSM: le budget du PPP explose. Pourquoi donc ce matin, il y a bien eu d’autres projets similaires de ce type, en partenariat public-privé (PPP), dont les coûts ont grimpés durant les travaux? En fait, c’est justement cette constante : les coûts augmentent systématiquement, lorsqu’il s’agit d’un projet de construction en PPP! Ça devient une habitude plutôt chère à assumer…

Dès 2004, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, une dogmatique de l’économisme néolibéral, vantait les possibilités d’économie et l’efficacité accrue de ce type de projets. L’État, selon elle, n’avait pas à s’impliquer autant dans l’élaboration et la construction de ses infrastructures, l’implication du secteur privé allait permettre de réduire les coûts et hausser l’efficacité des travaux et de l’entretien de ces infrastructures. On a donc fondé en grande pompe l’Agence des partenariats publics-privés, cette machine de guerre contre les dépassements de coût et l’inefficacité. Cette agence produit depuis ce jour les contrats spécifiques aux projets dont le cabinet de la ministre ont désignés comme étant digne d’un PPP.

Derrière ces bonnes intentions, madame Jérôme-Forget a dissimulé son leitmotiv idéologique. Pour elle, le secteur privé est toujours plus efficace que le secteur public dans la gestion d’une structure, de par son souci de fructifier son profit. Une entreprise privée met donc tout en œuvre, par logique, afin d’obtenir le maximum de son investissement. Ce préjugé tenace, c’est un des piliers de la pensée néolibérale, dont la ministre s’est fait depuis longtemps l’apôtre. On peut acquiescer comme allant de soi, si on s’en tien à la théorie. Dans la pratique, c’est une toute autre histoire.

Il faut savoir que les PPP sont des projets à très long terme. Les contrats sont de durée allant même jusqu’à cent ans, sont souvent très volumineux et contiennent une foule de détails dont nous avons rarement une idée de ce qu’ils sont. Ces contrats de PPP, bien qu’ils soient liés avec l’État, sont peu disponibles pour une lecture publique et sont constitués dans un vocabulaire très technique, donc très peu accessible. Par exemple, le contrat du PPP pour l’entretien du métro de Londres (R-U) est constitué de milliers de pages. Un contrat aussi important et complexe, peu connu dans le détail par le public, a permis une séries de désaccords qui se sont retrouvés devant les tribunaux, engendrant ainsi des coûts additionnels. Dans ce contexte, la population londonienne est en droit de savoir les raisons pour laquelle l’entreprise Metronet conteste autant de clauses mal interprétées selon elle. Elle est plutôt laissée dans l’ignorance, au nom du principe de l’inviolabilité du secret commercial. Cette même entreprise, un consortium créé pour l’occasion et pourtant la meilleure soumissionnaire, semble incapable de remplir ses obligation et doit constamment s’appuyer sur l’État pour lui garantir une certaine viabilité. Le pari idéologique des idéologues néolibéraux, à la base du projet, en prend ainsi pour son rhume.

Apprendre ce matin que la fameuse salle de l’OSM ne va pas coûter 105 millions de dollars comme prévu par le Premier ministre Charest, mais bien 266 millions, il y a de quoi s’étouffer. Dans mon cas, je devrais peut être me réjouir, c’est une preuve indéniable de l’inanité des espoirs envers ces PPP. Comment peut-on se cramponner à un certain montant de dépense prévu, puis avouer candidement que ça va coûter plus du double, pour permettre à un orchestre symphonique de jouer dans une salle digne de sa réputation? L’aveuglement idéologique de la ministre et ses fonctionnaires de l’Agence des PPP ne peut que confirmer le ridicule de la situation. Je me demande bien comment elle va s’y prendre, pour nous expliquer le retournement du principe même de l’adoption des PPP, soit celui de l’économie et de l’efficacité. Pour ces millions de dollars perdus dans les poches des partenaires du privé, on peut imaginer les pirouette qu’elle va utiliser…

Le 400e de Québec…

Loin de mon ancienne région, j’ai regardé quelques moments des festivités, sur Internet comme à la télé. Ça m’a agacé, pour ne pas dire emmerdé. Puis je suis tombé sur ce texte de Jean-Simon Gagné, qui en a vu davantage mais a confirmé certains trucs que j’ai observé. Des discours pompeux, des militaires qui n’ont pas d’affaires là, un double-standard dans les célébrations (une fête pour les riches, une fête pour les autres…), des références historiques tronquées, de la récupération politique… Encore une fois, je suis bien content de ne plus appartenir à cette région. Je me sens gêné pour les gens de Québec : ça aurait pu être une belle fête populaire, on en a fait un tarabiscotage de protocole et une vitrine pour les vues du gouvernement canadien. Je ne suis pas près de l’oublier, l’imposition de cette parade militaire et tant mieux si les soldats se sont fait huer par des manifestants, ce n’est pas tout le monde qui est dupe de la mission « humanitaire » en Afghanistan. Qu’ils l’avouent donc, à Ottawa, le tracé du grand projet pétrolier doit passer par Kandahar…


Une des dignitaires obligées de se tenir sous la flotte, la gouverneure-générale Mikaël Jean, s’est employée dans son discours à faire des raccourcis historiques pour gommer la division perpétuelle entre le Québec et le Canada. Encore un peu et elle va faire croire que la France a simplement laissé sa colonie aux Anglais, parce qu’ils lui ont demandé. Elle qui se prend désormais pour Élizabeth II en est rendue à imiter jusqu’à son insignifiance et ses façons guindées de salut la foule. Si au moins elle s’en tenait à cela, mais non! Elle a décidé que son rôle est désormais politique. J’espère que ça la rattrapera, cette usurpation de fonction.

Demain…

…je vais souligner un anniversaire, pas vraiment le mien, je suis né un 9 juillet. Je garde la surprise…


















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