mardi, août 26, 2008

Mensonge par omission.

Dans l’éditorial d’Alain Dubuc de la Presse d’aujourd’hui, on y retrouve un bel exemple de manipulation des faits. L’idée générale que dépeint Dubuc, dans l’affaire de la contamination de viandes produites dans un des abattoirs de la compagnie Maple Leaf, c’est de ne pas sauter à la conclusion que l’entreprise privée doit être surveillée plus étroitement, quand il s’agit de production alimentaire. L’argument soutenant cette thèse est que les entreprises, au nom de la maximisation des profits, tentent de réduire au minimum les coûts reliés à la sécurité de la production. Personnellement, je souscris à cette thèse, malgré le fait que l'on puisse m'opposer sur le mécanisme du marché sanctionnant un manquement de rigueur de la part d’une entreprise. Dubuc continue en laissant entendre que dans le secteur public, on peut également retrouver des cas où il y a une absence de contrôle de l’hygiène peu survenir, entraînant des conséquences funestes. Il a cru bon de citer en exemple l’affaire de la contamination de certains hôpitaux par la bactérie E. Coli., causée par peu de contrôle sur la qualité du ménage. Son exemple s’est voulu plutôt fort, mais il a omis d’expliquer les raisons de l’apparition de cette bactérie dans les institutions de santé.

Dubuc et consort, au sein des médias privés, ont été les chantres de la réduction de la dette et de la restriction des dépenses gouvernementales, le déficit zéro, etc. On imagine bien que le gouvernement auquel ils ont contribué à l’élection en 2003, une fois en place, a sabré dans tous les budgets, y compris celui de la santé. Les hôpitaux on dû faire face au problème en employant les moyens immédiats en coupant dans les dépenses. Par le biais de la sous-traitance, permise désormais par l’abrogation des articles du Code du travail prévus à cet effet, l’entretien ménager dans plusieurs institutions sont désormais le lot d’employés d’agence ou de firmes privées, travaillant à des salaires bas et sans protection sociale. Ces emplois, devenus peu attrayant chez ces agences, sont occupés par des personnes ne s’attendant pas à rester très longtemps chez ces employeurs. En plus du roulement important de personnel dans ce type d’emploi, ces agences ne placent pas toujours les mêmes personnes au même endroit. De plus, dans le même contexte de la maximisation des profits, ces PME de l’entretien ménager ne sont pas des plus regardantes sur la qualité des produits utilisés pour l’entretien, quand c’est le temps d’évaluer les coûts versus les profits.

Ainsi, des employés à statut précaire, maigrement payés, appelés à se déplacer d’un lieu de travail à l’autre, n’ayant aucun incitatif à rester longtemps à l’emploi pour ces entreprises et utilisant un matériel plus ou moins adéquat pour effectuer un travail de désinfection, on s’attend à ce qu’il réalise un travail demandant davantage d’expertise… Monsieur Dubuc aurait eu à vérifier les prémisses de son exemple, car celui-ci se retourne contre sa prétention. Il aura beau soutenir la place de l’État dans un rôle régulateur sur l'économie, celui-ci vient en contradiction avec les objectifs néolibéraux des mêmes chefs d’entreprises dont il défend l’intégrité. Peut être a-t-il été ému par la déclaration du patron de Maple Leaf sur Internet, de même que les pertes de l’entreprise atteignant 20 millions de dollars. N’empêche, les morts causées par un manque de rigueur sanitaire constituent un douloureux rappel du danger apporté par la suprématie des lois du marché. Abdiquer notre sécurité, au prétexte que la mécanique de la marchandisation apporte nécessairement l’autorégulation des producteurs, ça serait le comble de l’irresponsabilité. Un renforcement des normes d’hygiène est plus que nécessaire, n’en déplaise aux jovialistes libéraux comme Dubuc et ses pairs.

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