dimanche, novembre 18, 2007

L'islamo-fascisme.

La première fois que j'ai lu ce terme, c'est dans un texte de l'écrivain d'extrême-droite Maurice G. Dantec, qui habite désormais ici, au Québec. Allergique avec le fait musulman en France, il est venu « se réfugier » ici, où il écrit ses romans remplis de néologismes et de délires conspirationnistes. Le texte avait été publié dans le magazine Égards, le principal organe des intellectuels réactionnaires au Québec, comme Jean Renaud et Luc Gagnon. Plus tard, c'est dans la bouche de George W. Bush, l'actuel président, l'an dernier, dans un discours où il pourfendait le terrorisme d'inspiration musulmane fondamentaliste. À ce moment, je commençait à me demander si le terme n'était pas si condamnable, car on pouvait voir, dans certains groupes très précis du Moyen-Orient, une ressemblance avec les mouvements fascistes européens du début du XXe siècle. Pour une rare fois, les néo-conservateurs, ceux qui ont forgé le terme et le concept, avaient peut être vu juste. Je me demandais alors s'il ne serait pas préférable de prendre cette analyse au sérieux.
C'est durant cette période, l'année 2006, que des images un peu troublantes sont apparues dans l'actualité. D'une part, les manifestations en Iran de l'armée et des militants acharnés de la révolution islamique, les Pasdarans, prenaient des airs inquiétants, avec uniformes et saluts d'inspirations fascistes. Au Liban, le Hezbollah est accusé également d'avoir des manifestation de mêmes nature, tout comme le Hamas, le mouvement de libération islamique de la Palestine, rival du Fatah de feu Yasser Arafat, qui contrôle actuellement cette immense prison à ciel ouvert qu'est la bande de Gaza. On s'est mis alors à les accuser de propager une idéologie semblable au fascisme, selon des signes très simples, développés par les auteurs néo-conservateurs. L'un d'entre eux, Robert Paxton, de l'Université Columbia, a déterminé cinq critères dans un ouvrage très populaires dans les milieux intellectuels de droite, The Anatomy of Fascism (paru en 2004). Ces critères sont les suivants :
-persuasion d'un groupe de l'impossibilité de se sortir d'une crise par des moyens légaux et reconnus;
-croyance d'un groupe d'être la cible de persécutions externes, organisées par des ennemis puissants;
-imposition d'un leader incontesté, agissant au-dessus des lois, avec un caractère messianique;
-droit du même groupe à dominer les autres, sans avoir de comte à rendre à personne;
-phobie envers la contamination culturelle extérieure.
L'utilisation de ces critères, pour identifier les mouvement de résistance à caractère religieux, comme le Hezbollah et le Hamas, a permis aux néo-conservateurs de justifier des éventuelles interventions préventives, au nom de prémisses héritées de la Seconde Guerre mondiale. La campagne militaire désastreuse qu'a mené l'armée israélienne au Sud-Liban, contre les positions de la milice du Hezbollah, s'inscrivait dans ce sens. Pendant un temps, le terme a été utilisé pour identifier les régimes hostiles à l'Occident, outre l'Iran, pour élargir la liste de « l'Axe du Mal ».
Rapidement, cette utilisation à tort et à travers du concept de l'islamo-fascisme a surtout permis sa perte de crédibilité. Il était évident que les critère du fascisme ne pouvaient s'appliquer à un quelconque État au Moyen-Orient. Certes, sans nier l'évidence du caractère peu démocratique, voire dictatoriaux de plusieurs régimes de cette région, il n'était pas possible de qualifier de fascistes l'organisation sociale de ces régimes ou mouvements politiques. En fait, le terme semblait être une façon plus utile à certains extrémistes de droite particulièrement islamophobes de se livrer à des diatribes guerrières contre les musulmans, comme Ann Coulter et surtout David Horowitz, un universitaire particulièrement acharné à cette cause.
À propos de cet individu, j'ai trouvé justement un excellent reportage de Max Blumenthal sur Youtube. Vous le constaterez par vous-même, un type comme Horowitz est plus utile...à la gauche, quand il agit de la sorte!



Et sur le fascisme, il existe d'autres critères plus serrés, plus nombreux et précis, qui permettent de déterminer qu'un certain pays est bien sur cette voie... et c'est ce qui m'inquiète!

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