jeudi, novembre 15, 2007

Quelle horreur!

J’ai eu un malin plaisir à lire le reportage du Journal de Montréal, sur l’occupation du CEGEP du Vieux-Montréal par les étudiants et de son évacuation forcée par la police. On aurait dit que le quotidien de Quebecor cherchait à imiter un journal réactionnaire des années 60. Encore un peu et en lettres frontispices rouges, on aurait pu lire « SEXE-DROGUE-ÉMEUTE ». Comme l’amour libre du temps de la génération précédente s’est éteint quelque part en 1983, on ne peut plus faire allusion au sexe, pour discréditer le mouvement étudiant. Ce qu’il reste à faire, pour les journaleux du JdeM, c’est de s’introduire auprès des militants, prendre des photos-chocs, les dépeindre comme des alcooliques, des drogués, des vandales sans autre cause que celle du plaisir au dépend des autres. Du grand art, ce qu’a fait la rédaction de ce journal jaune, afin de maintenir captive sa clientèle, en manque de nouvelles. Quand tous les médias n’avaient pas autre chose à faire cette semaine que de dépenser pour couvrir le passage de l’Airbus A320, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Alors, une grève étudiante en novembre, c’est du pain béni pour les patrons de la presse. Mieux encore, quand il y a du grabuge, avec assez d’images pour faire réagir les vieux réacs des cafés de centre-d’achat :

-Mon cher monsieur, ces jeunes-là, c’est une bonne guerre qui leur faudrait. Dans notre temps, on savait c’était quoi, les vrais affaires. Pis eux-z-autres, là dans leur CEGEP, avec leur drogue, c’est des coup de pied au derrière!
-Oui, mon cher monsieur. Ces jeunes-là, y’apprennent rien là-bas qu’à faire du trouble. Regardez dans le journal. Toute d’la vermine. Pourquoi ils sont comme ça, mon cher monsieur? C’est parce qu’ils ont tout cuit dans le bec, pis ils apprennent rien que des niaiseries. Dans mon temps, on laissait pas des barbus enseigner, regarder c’que ça l’a donné!
(c’est fictif, mais j’exagère à peine…)

J’ai pu lire quelques éditoriaux et commentaires de nos bien-pensants de Quebecor, Gesca et Radio-Canada. Pour eux, fatalement, il faut absolument augmenter les frais de scolarité, après tant d’années de gel, car les universités ne peuvent pas arriver à boucler leur budget (ah oui? Et la crise budgétaire de l’UQÀM, elle provient d’où?), peu importe si ça ne réglera rien à court terme. Alors, vous imaginez bien que le programme de l’ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante), qui privilégie la gratuité scolaire est aux antipodes du sens commun imposé par la garde journalistique du patronat. Car nos bons patrons, comme les hôpitaux, les universités et le système collégial actuel leur a créé des envies, surtout de posséder un réseaux, à peu de frais. Les système est coûteux et inabordables ailleurs, pourquoi ça serait différent ici? Quand ils en sont rendu à faire dire à leurs portes-queue (Nathalie Elgraby, dans le JdeM, toujours très édifiante dans la bêtise néo-libérale), que ce sont les riches qui ont profité du coût trop bas de l’éducation, pour nier l’évidence des résultats des quarante années du système public, c’est qu’ils sont déjà rendu au bout de l’argumentation.

Ça me rassure, de voir que le mouvement étudiant est quand même pris au sérieux. Quand la grande économiste Elgraby tente de s’attirer la sympathie des étudiants, en leur suggérant de refuser de payer leur cotisation, au nom d’une solidarité qu’on leur impose, ça en dit long sur son paradigme. Sachant que le mouvement conserve son ascendant, même en cette année où le mouvement est plus difficile à démarrer, elle tente de le saper, en utilisant la stratégie qui lui sied bien : la dissociation, par l’appel à l’individualisme obligatoire. Je la cite :
« Vos associations étudiantes soutiennent que les droits de scolarité ont pour effet de réduire l’accès à l’éducation. Pourtant, elles n’hésitent pas à exiger de vous des cotisations obligatoires dont certaines s’élèvent à plus de 50 $ par trimestre. N’y voyez-vous pas un non-sens? Devons-nous conclure qu’une hausse de 50 $ par trimestre réduit l’accessibilité uniquement lorsqu’il est question de frais de scolarité, mais qu’elle est sans conséquence quand ce montant est destiné aux coffres des associations étudiantes?! Pourquoi ne demanderiez-vous pas à vos associations de faire preuve de «solidarité étudiante» et de favoriser l’accès à l’éducation en abolissant les frais qu’elles vous imposent? »

Tout à fait édifiant. Bien sûr, à quoi ça sert d’être représenté par une association? Les directeurs sont des gens bien, les gens des CA des établissements aussi, pourquoi des étudiants se mêlerait de ces affaires qui ne regarde que ces gens biens? En somme, Elgraby demande aux étudiants, ceux qui savent les « vrais affaires », qu’ils ont intérêt à se dissocier de leurs association, et ainsi abandonner leur possibilité de changer quelque chose. Belle façon d’encourager le pouvoir des individus, en lui suggérant de contribuer à miner le mouvement étudiant. Son paradigme est simple, chacun peut obtenir ce qu’il veut, par soi-même. Tant pis si les frais de scolarité s’ajuste à ceux des autres provinces, chacun doit penser à soi. Imaginez une telle mentalité, au sortir de la Grande noirceur, en 1959… vous faites partie de l’Union nationale, ou encore des Bérêts blancs!

À propos de l’Université…

Mon ami Éric, ancien camarade du syndicat et désormais étudiant à Ottawa, m’a envoyé cette lettre ouverte, parue dans le journal Le Droit. Ça en dit long, sur le genre de mécénat que souhaite les Elgraby de ce monde…

Le Droit
Actualités, mardi, 13 novembre 2007, p. 13


Le capitalisme académique à l'Université d'Ottawa



(Sauf pour M. Wolfe, tous les signataires sont inscrits à la maîtrise ou au doctorat en pensée politique à l'Université d'Ottawa.)

L'inauguration récente d'un pavillon au nom de Paul Desmarais à l'Université d'Ottawa nous inquiète quant à la mutation du rôle de l'Université dans l'économie du savoir. Lorsque l'État réduit son financement, l'institution tend à se commercialiser et à entrer dans une logique de capitalisme académique où la connaissance n'est plus transmission de culture, mais un instrument servant à la création de valeur marchande.
À l'Université d'Ottawa, le recteur Gilles Patry reconnaît que le sous-financement public provoque une dépendance croissante vis-à-vis des fonds privés. C'est pourquoi des donateurs sont invités à investir en retour de considérations futures, dont l'attribution de leur nom à un édifice ou à un département. Parmi ceux-ci, Paul Desmarais, magnat financier influent du secteur des communications, et Ian Telfer, président du conseil d'administration de Goldcorp, société minière canadienne.
L'emprise grandissante du financement privé s'accompagne d'une commercialisation de l'espace public universitaire. Une brève visite sur le campus universitaire suffit pour s'en convaincre. En lieu et place d'un café étudiant, le pavillon Desmarais s'est doté d'une succursale Starbucks. La bibliothèque, quant à elle, a remplacé des espaces de travail par un Second Cup. Des étudiants qui protestaient lors de l'inauguration du Desmarais se sont vus refuser l'accès à notre université par les policiers et les agents de sécurité, sous prétexte que l'université est maintenant "une propriété privée".
Nous déplorons que le campus universitaire ressemble de plus en plus à un centre commercial privé où les clients viennent acheter des connaissances instrumentales qui en feront de bons producteurs de contenu pour "l'économie du savoir". La plupart d'entre nous serons réorientés dans des domaines techniques pour y acquérir les capacités d'être de bons gestionnaires flexibles sur le marché du travail.

Le capitalisme académique

"Partenariat, gouvernance, excellence, innovation" : le langage managérial de nos administrateurs trahit déjà la mutation de l'institution universitaire en organisation dont le rôle est de gérer des flux de savoir en réponse immédiate à l'offre et à la demande de main d'oeuvre. Nous sommes en droit de nous demander si l'Université n'est pas en voie de se détourner alors de sa mission fondatrice (transmission d'une culture humaniste et critique) pour se brancher directement sur l'appareil productif.

De plus en plus, le corps professoral se transforme en agrégat d'entrepreneurs-chercheurs qui doit prouver son excellence, sa capacité d'innovation et son potentiel de leadership... ce qui se mesure au nombre de subventions obtenues. Les étudiants sont appelés à investir dans leur potentiel ou "capital humain" afin de le faire fructifier à la Bourse des existences. Est-ce un hasard si la campagne de recrutement de l'Université d'Ottawa 2006-2007 avait pour thème : "I invest in myself" ?

Fin de la liberté académique ?

Les administrateurs de nos universités nous appellent à être des "citoyens du monde" dans une "société planétaire". Mais quelle est au juste cette société à laquelle on nous somme de nous adapter sinon cette sphère d'échanges impersonnels où transitent des flux de savoir qui se transforment en flux de capitaux ?

Alors que sa mission devrait favoriser chez chaque individu autonome l'émergence d'un rapport critique au réel, lui-même ancré dans le partage d'un monde commun, l'Université tend de plus en plus à produire des personnes-objets dotées des capacités de s'adapter sans broncher aux sursauts de l'environnement économique "objectif".

L'économie devient donc l'instance qui mène le monde, et les universités sont à sa remorque. Et c'est pourquoi nous craignons pour la liberté de penser.

Jean-François Bissonnette,
Tina Lafrance,
Marie-Hélène Choinière,
René Lemieux,
Eric Mallette,
Eric Martin,
Maxime Ouellet,
Julie Paquette,
Martin Parrot,
Olivier Roy,
Seamus Wolfe,
Vice-président aux affaires universitaires,
Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa

© 2007 Le Droit. Tous droits réservés.

Facebook

Je suis un accroc à Facebook. Je ne devrais pas, je le sais, mais c’est plus fort que moi. Comme c’est bien fait! Je peux savoir ce que deviennent mes amis, en autant qu’ils passent de temps en temps. De plus, je retrouve d’autres amis, que j’ai perdu de vue. Une sacré bonne invention.

Le hic, c’est quand j’ai lu ce texte, envoyé par mon camarade André. Ça vient de la Presse du 3 novembre, dans un dossier sur les danger de MySpace et Facebook, vis-à-vis l’attitude inquisitrice des employeurs… tien, ça je connais!

Êtes-vous accro?

Par Marie Lambert-Chan, collaboration spéciale


Le site de réseautage Facebook regroupe plus de 33 millions
d'internautes à travers le monde, dont environ 11 millions au Canada.
Il n'est pas rare d'entendre un Facebookien avouer qu'il est
complètement accro à cette application. Pas étonnant quand on sait
que les utilisateurs se connectent à ce site en moyenne 18 fois par
jour.

Peu d'adeptes de Facebook sont toutefois conscients que le temps
qu'ils y passent est proportionnel à l'étendue de leur cyber-
réputation qui, souvent, est loin d'être flatteuse. Comme il vaut
mieux prévenir que guérir, voici un petit test pour mesurer votre
dépendance à Facebook. Un sevrage s'applique si vous répondez oui à
plus de trois affirmations.

- Je visite Facebook plus de 10 fois par jour.
- Vous avez plus de 50 amis.
- Lorsque vous prenez une bonne photo, vous voulez immédiatement la
mettre dans votre profil Facebook.
- Vous faites partie de plus de cinq réseaux.
- Vous avez créé votre propre réseau.
- Vous savez qui est Mark Zuckerberg.
- Vous avez forcé des amis à joindre la communauté Facebook.
- Vous faites une mise à jour quotidienne de votre profil.
- Vous écrivez au moins cinq commentaires par jour sur le " mur " de
vos amis.
- Vous utilisez davantage Facebook que le téléphone pour communiquer
avec vos amis.
- Vous utilisez Facebook Mobile.

© 2007 La Presse. Tous droits réservés.

Heu…ben ouais, c’est vrai pour moi, dans la majorité des affirmations…

En passant, cher Big Brother, on sait que tu fouilles dans les fiches des employés de Renaud-Bray sur Facebook. Qu’est ce que tu penses y trouver, des louanges envers l’entreprise? Va sur les fiches des cadres, c’est là que tu vas en trouver…c’est bien les seuls qui peuvent en faire!

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