dimanche, novembre 25, 2007

Une délivrance.

Je suis chez mes parents ce dimanche, car demain auront lieu les funérailles de Diana Chamberland (née Chabot), ma grand-mère, décédée jeudi dernier à l’âge de 91 ans.

Elle était le dernier de mes grand-parents survivants. La mère de ma mère a rejoint son mari Joseph, que l’on surnommais Ti-Jos, qui l’a précédé dans la mort il y a près de vingt ans. Elle était également la dernière, parmi ses frères et sœurs, à être encore de ce monde. Ses deux dernières années ont été loin d’être facile pour elle. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle a également souffert de deux fractures consécutives de la hanche. C’est pourquoi son décès, dans les circonstances, nous apparaît comme une libération pour elle. J’ai prié pour qu’elle parte durant son sommeil, que grand-papa vienne la chercher.

Je dois beaucoup à ma grand-mère, elle a été très présente dans ma vie. J’ai de nombreux souvenirs, qui remontent à ma petites enfance, notamment du temps où elle avait sa maison à Armagh, son village où elle a passée la très grande majorité de sa vie. Encore ce soir, au souper avec mes parents, on évoquait le temps des bleuets que l’on ramassait dans les champs, tout près de chez elle. Je lui doit certaines de mes expressions de tous les jours. L’une d’entre elle était assez caustique : pour qualifier quelqu’un de très looser, elle indiquait que « ses culottes ne sont mêmes pas à lui »… On s’est rappelé aussi comment elle recevait avec faste sa famille, à Noël, quand elle était dans sa cuisine, pour recevoir la vingtaine de personnes que l’on pouvait être parfois, selon les années. Elle faisait deux tablées, l’une pour les jeunes, l’autre pour les adultes. Elle était d’une très grande générosité, combien de fois elle m’a fait don de quelques dollars, en me disant « gâtes-toi, le petit ».

Très jeune, elle avait été brièvement maîtresse d’une école de rang. Lorsque c’était encore possible, quand son état lui permettait, elle écrivait sans faire une seule faute. Elle s’est mariée à 22 ans et elle a eu six enfants, qu’elle et son mari ont élevé sur une ferme, dans les environs d’Armagh. Peu avant leur retraite, lorsqu’ils ont vendu la ferme familiale, mes grands-parents ont habité et travaillé à Québec, dans un couvent, où mon grand-père a été concierge. Du plus loin que je me souvienne, certaines images me reviennent de cette époque.

Ses nombreuses années ont été bien remplies pour elle, le temps était venu pour le repos éternel. Demain, nous serons là pour lui rendre un ultime hommage.

Un débat à faire

Cette semaine, plusieurs ont commenté dans les médias la pertinence de se rendre à la demande de Sophie Dupont, cette mère de famille qui a fait déposer à l’Assemblée nationale une pétition de 65 000 noms, pour combattre efficacement la pédophilie. Plus précisément, cette demande est de rendre public le registre des délinquants sexuels au Québec, de façon à ce que les parents puissent connaître les risque qu’encourent leurs enfants dans leur quartier. Nul doute qu’une pareille demande, motivée par un désir légitime de sécurité, mérite une réflexion approfondie, surtout qu’il existe un registre aux Etats-Unis des délinquants de cette nature sur Internet, le Family Watchdog (http://www.familywatchdog.us/) .



Pourquoi un débat, sur une initiative qui a fait déjà ses preuves? Je suis de ceux qui, sans être opposé à rendre public ce registre déjà existant auprès des forces policières et disponibles dans certains lieux, comme les palais de justice, se demandent quand même si ce n’est pas une ouvrir une porte à la vengeance. Le précédent a eu lieu l’a dernier, lorsqu’un jeune homme des Maritimes, qui avaient été déclaré coupable d’une accusation à caractère sexuel, s’est vengé en assassinant deux individus dont les noms se trouvaient sur le registre américain.
J’ai fait quelques tests, avec des villes américaines que j’ai visité dans le passé, afin de mesurer l’efficacité de cet instrument. Le résultat m’a laissé perplexe. Si j’en crois le registre, on a intérêt à garder un œil sur ses enfants. Comme vous le verrez, avec la légende à la droite de la carte, chaque couleur correspond à un lieu où l’on retrouve un ancien condamné à des actes criminels de nature sexuel ou autre, dont nous n’avons pas toujours la précision. En prenant pour exemple une ville d’un million et demi d’habitants, Dayton en Ohio, où j’ai passé une semaine en 2002, je suis arrivé à ce résultat :

Comme vous pouvez le constater, tous les points de couleurs sont le lieux où habitent ou travaillent tous ceux qui se sont rendus coupables, dans le passé, d’actes criminels à caractère sexuel. En regardant la carte de Dayton, c’est loin d’être rassurant. Imaginez maintenant une ville plus grande…Et je me rappelle que j’étais logé sur une petite rue, où l’on retrouvais de nombreuses familles. Elle se trouve encerclée par les petits carrés de couleur.
J’ai fait le test avec Plattsburgh, au Vermont. Pas une ville la plus reconnue pour être criminalisée, loin de là. Sa proximité avec le Québec fait de cette ville un bon exemple avec ce qu’on pourrait retrouver éventuellement, avec un registre de même nature.


C’est pourquoi j’estime qu’il faut être prudent, avant de prendre une initiative fort louable, mais qui risque de nous apporter d’autres problèmes, si nous prenons ces informations à la légère. Certes, nous n’entendons pas parler de lynchages de façon régulière chez nos voisins du Sud, malgré la présence de ce registre facilement accessible à tous. Bien sincèrement, l’assassinat d’un pédophile n’est pas l’événement qui fera pleurer beaucoup de monde, surtout quand c’est un récidiviste. Mais nous avons choisi de vivre selon les critères d’une société de droit. Chacun a droit à un procès juste et équitable et nous offrons pour tous la possibilité de la rédemption, suite à une peine de prison. Permettre le moindre écart vers la loi du Talion, c’est tourner le dos à ce qu’on a mis des décennies à bâtir.

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