mardi, septembre 25, 2007

Die Linke, un parallèle à faire avec Québec solidaire.

Il y a plusieurs mois que je m’intéresse à ce parti de la gauche unie en Allemagne, Die Linke (la Gauche), une fusion des partis socialiste, communiste et des dissidents à gauche de la sociale-démocratie. Séparément, les petits partis de gauche allemands n’avaient aucune représentation. Ensemble, ils ont obtenus plusieurs sièges au Bundestag. Voici un article intéressant sur ce parti, qui m’a été envoyé par mon camarade André, du journal L’Humanité du 21 septembre dernier.

L’expérience Die Linke bouscule toute la vie politique allemande
Par Lothar Bisky, coprésident du nouveau parti de gauche allemand.

Europe : quelle gauche de transformation sociale ?

Je voudrais revenir sur l’année 2003, l’année de naissance du nouveau parti de gauche en Allemagne. Cette année-là, le SPD a perdu les élections régionales en Rhénanie-Westphalie, l’un de ses bastions. Cet échec a entraîné la chute du gouvernement Schröder, et provoqué la dissolution du Bundestag. Lors de ces mêmes élections régionales, le PDS, après un combat électoral où se sont investis les militants, a recueilli 0,9 % des voix. C’était une nouvelle preuve de l’incapacité de ce parti à s’implanter à l’Ouest, en dépit de son influence importante à l’Est. À côté du PDS, dans ces élections en Rhénanie, concourait un autre parti de gauche, l’Alternative électorale pour la justice sociale (WASG). Cette nouvelle formation, lancée par des syndicalistes et des déçus de la social-démocratie, a obtenu un score légèrement supérieur à celui du PDS, mas n’a pas non plus passé la barre des 5 %.

Nous nous sommes alors interrogés. Le Bundestag était dissous. Devions-nous nous présenter séparément aux législatives, avec la certitude d’obtenir, chacun de son côté, un score médiocre ? Ou alors, devions-nous nous présenter ensemble ? Heureusement, nous avons décidé d’y aller ensemble. Nous avons établi un programme électoral, et nous avons mené cette campagne. Au final, au plan national, cette alliance a obtenu plus de 8 % des voix, et 54 députés.

Ce score a surpris tout le monde, nous les premiers. C’était donc une réussite. C’est alors que nous avons promis aux électrices et aux électeurs d’essayer de construire un nouveau parti de gauche. Ce processus, entamé en 2003, s’est achevé il y a trois mois, le 16 juin 2007. Le parti a été fondé. Nous avons mené à bien cette tâche de fusion. Nous avons respecté le délai que nous nous étions fixé. Il n’était pas question d’attendre encore dix ans pour faire quelque chose. D’ici là, nous aurions sans doute disparu. Désormais nous vivons une expérience tout à fait nouvelle. Il est assez peu habituel qu’un parti gagne autant en étant dans l’opposition. Les sondages nous créditent régulièrement d’un score dépassant les 10 %. Les adhésions à Die Linke affluent. Nous vivons donc une période de croissance à laquelle nous ne nous attendions pas.

Évidemment, nous ne nous sommes pas mis d’accord sur tout. Mais nous avons convergé sur des points fondamentaux qui ont permis la fusion des deux formations. Et, sur la plupart de ces points, nous rejoignons l’opinion de la majorité des Allemands. Cela ne signifie pas que cette majorité va voter pour nous. Mais il est tout de même satisfaisant de voir qu’une majorité de nos concitoyens approuvent nos positions. Par exemple, nous réclamons un salaire minimum. En Allemagne, cela n’existe pas. Nous voulons qu’il soit au moins au niveau de celui de la France. C’est l’un des moyens de contrer l’inacceptable politique de bas salaires. Nous étions le seul parti à formuler cette revendication mais, depuis peu, le SPD la reprend. Nous exigeons également le retrait du projet de loi qui fixerait l’âge du départ à la retraite à soixante-sept ans. En Allemagne, selon les statistiques officielles, 2,5 millions d’enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Nous exigeons un programme de suppression de la pauvreté infantile. Nous sommes contre l’usage de moyens militaires pour régler les problèmes politiques. Nous nous prononçons pour le retrait des troupes allemandes d’Afghanistan. Nous exigeons la tenue d’un référendum sur le nouveau traité européen, prétendument « simplifié ». Sur bien d’autres revendications, nous rejoignons la gauche française.

Ce qui est nouveau, en Allemagne, c’est que nous avons fait éclater le système traditionnel en faisant irruption comme une force politique stable et durable. Nous avons créé une situation nouvelle en Allemagne. Cela produit des effets sur toute la vie politique. Hier, les Verts, réunis en congrès, ont adopté les positions de leur aile gauche. Certains, au SPD, réclament eux aussi un coup de barre à gauche.

Si l’on en croit les sondages, aux prochaines élections (législatives et européennes), nous pouvons obtenir un score à deux chiffres. La nouvelle gauche, Die Linke, en Allemagne, est un parti internationaliste. Nous savons que nous vivons dans un même monde. Nous n’oublions pas non plus que nos succès, nous les devons aussi à la solidarité des partis d’Europe qui nous ont aidés. Je pense particulièrement au Parti communiste français, qui a soutenu le PDS au moment où celui-ci était très isolé. Nous sommes en faveur d’une politique alternative pour construire l’Europe, pour reconstruire le monde. C’est pour cela que nous sommes très actifs au sein du Parti de la gauche européenne. Nous continuerons, nous amplifierons notre action au sein de ce parti. Mieux vaut être ensemble pour parvenir à des résultats. Chacun de notre côté, nous n’arriverons à rien. C’est l’expérience que nous avons faite chez nous. Cela vaut aussi pour l’Europe.


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