lundi, octobre 22, 2007

L'imam qui sourit, l'imam qu'on expulse.

J’ai été des spectateurs de « Tout le monde en parle », dimanche soir, spécialement pour entendre l’imam Omar Koné, pour mieux connaître le religieux et l’homme. Je n’ai pas été déçu par son passage à cette émission parfois éprouvante pour ses invités. À quelques reprises, il m’est arrivé d’entendre le religieux musulman d’origine malienne, qui a choisi de venir s’installer au Québec, après avoir tombé amoureux de notre pays. Je l’avais vu dans un débat sur la laïcité, avec comme participants Bernard Landry et Me Julius Gray. Remarquable, cet homme simple et d’une grande sagesse, même si à ma grande surprise, je suis plus vieux d’une année que lui (il a 36 ans!). Il ne manquait pas d’humour non plus, quel contraste avec l’image que certains ont fait des religieux musulmans. Après avoir entendu de sa bouche la position que je connais de l’Islam, une religion qu’on diabolise à tort et à travers ces derniers temps, j’espère que l’impression qu’il a laissé va peut être influencer quelques méfiants. L’Islam est une religion universelle, qui est au Québec comme partout ailleurs, il est primordial que l’on la connaisse davantage, avant de s’en tenir aux préjugés rapportés par les populistes et les médias qui les attisent. Une honte, quand je les vois faire, ces ignorants et ces bigots, dans ces images prises lors des auditions de la commissions Bouchard-Taylor et rapportées par l’émission Infoman. Certains, on le dirait bien, aimerait revenir à une autre époque…

Je demande d’ailleurs pourquoi les recherchistes de TLMEP n’ont pas invité plus tôt l’imam Koné, la semaine dernière, plutôt que d’inviter un provocateur comme l’imam Saïd Jaziri, désormais loin de notre contrée. Jaziri, au contraire de son coreligionnaire, n’était pas du genre à avoir le sourire facile. C’est d’ailleurs lui qui, lors de la tourmente qui a suivi la publication des caricatures du prophète Mahomet au Danemark, a appelé à une manifestation publique à Montréal appuyant les fatwas. L’imam autoproclamé d’origine tunisienne, bien que parlant pour un islam que bien peu de musulmans se réclament, a réussi à attirer l’attention trop souvent, laissant l’impression à bon nombre de Québécois que les musulmans sont comme lui, ou du moins l’image qu’il portait de lui-même, intolérant, insensible et peu avenant. Je comprend bien pourquoi des centaines de Québécois musulmans ont adressé des courriels à Guy A. Lepage et son équipe, pour leur adresser quelques remontrances. Inviter l’imam Koné a été une excellente réponse de leur part.

Comme mon ami Arthur, je crois que l’expulsion de Jaziri va faire de lui un martyr aux yeux de ses fidèles et surtout aux siens, mais au bout du compte, ça va en rester là. Bien que radical et porté vers l’extrémisme, Saïd Jaziri n’a pourtant rien à voir avec le type de religieux que la Grande-Bretagne a elle-même expulsé. Ceux ci, les Abu Qatada, Abu Hamza et consorts n’était rien de moins que des supporteurs de la guerre sainte. Ceux là, ce sont de véritables bandits. À ce que nous savons de Jaziri, il en était pas rendu à ce point là. même s’il avait déjà été condamné pour un acte de violence en France, on n’en sait pas plus sur les raisons qui l’ont amené à se réclamer du statut de réfugié. La radicalisation de son discours, surtout contre les autorités de son pays d’origine, semblait plus à servir d’alibi pour rester au Canada. S’il avait voulu se réclamer de Al-Qaida, ou je ne sais quel autre groupe du même acabit, on ne se poserait pas trop de question sur sa présence au Québec : allez, ouste! Mais là, je ne sais pas si ses prêches étaient aussi enflammées que celles proclamées par les fous de Dieu du « Londonistan » et de la mosquée de Finsbury Park.

Dans mes archives sur Youtube, j’ai retrouvé ce reportage de CNN. Évidemment, c’est tendancieux, c’est même plutôt amateur, mais ce document présente bien ce qu’on entend par « radical », ce qui est loin de ce que nous avons connu ici. Bon, on me dira « il faut bien prévenir… », ouais, peut être… mais avant qu’on entende ici un discours en public comme ceux tenus par les Talibans du « Londonistan », même si on parle maintenant d’un « Montréalistan », on en est encore loin!




Et si la meilleure façon d’éviter cela, c’est encore l’accueil, l’apprentissage mutuels avec les nouveaux arrivants, leur intégration dans le respect, toute chose dont on semble avoir méfiance dans certains coins du Québec…

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